C'est une superbe nouvelle à plusieurs titres, le premier, le plus important, est qu'il s'agit d'un auteur que nous apprécions et conseillons depuis de longues années et quiconque a lu La supplication sait le choc que suscite la lecture d'Alexievitch.

Le second est qu'en donnant ce prix, le jury suédois rappelle opportunément que la littérature n'est pas le seul territoire du roman et de la fiction. Car tous les livres de Svetlana Alexievitch sont construits de la même façon : la réalisation de centaines d'entretiens, puis leur organisation et leur mise en livre. Et de ce travail surgit la littérature, c'est-à-dire une forme de manifestation de la réalité et surtout de son élucidation.

Qu'il s'agisse de la catastrophe de Tchernobyl donc dans La supplication, de la guerre en Afghanistan dans Les cercueils de zinc ou des deux décennies qui ont suivi la chute de l'URSS, Svetlana Alexievitch laisse à comprendre le monde dans toute sa profondeur, ce que l'Histoire fait aux vies, aux individus.

Sa récompense est un encouragement à l'humanité.