Les coups de cœur des libraires

Domaine de prédilection des psychanalystes, les rêves peuvent aussi être étudiés d'un point de vue scientifique et médical, et permettre de mieux comprendre les maladies du sommeil. C'est ce que nous explique la professeure Isabelle Arnulf, neurologue et directrice de l'unité des pathologies du sommeil de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui explore le sujet dans un essai passionnant.

Quelles différences observe-t-on entre l'expérience du rêve et sa remémoration ? Les rêves s'inspirent-ils toujours d'éléments vécus ? A quoi ressemblent les rêves des personnes aveugles ? Qu'est-ce que les rêves lucides ? Comment interpréter les mouvements oculaires pendant le sommeil paradoxal ? Les somnambules rêvent-ils ? Qu'est-ce que le trouble alimentaire du sommeil ? Les rêves peuvent-ils être prémonitoires ?

S'appuyant sur de nombreuses études scientifiques, la Pr Isabelle Arnulf nous embarque dans un voyage nocturne fascinant.

Le ciel comme limite, comme horizon, comme rêve… inatteignable mais qui laisse songeur et avec le souhait de le côtoyer.

C’est ce à quoi aspire le jeune Léo depuis son plus jeune âge. Fan du Superman de Shuster et Siegel, le jeune homme est obsédé par son désir de voler comme son héros, cape au vent et pour seul compagnon la brise rassurante d’un eden empli de nuages. 
Mais la vie étant ce qu’elle est, Léo doit vite se résoudre à trouver un rêve plus terre à terre et à se construire une vie d’adulte avec un travail et toutes les commodités qui vont avec. Dans les moments difficiles, un héros venu du ciel lui tend une main. Symbole d’espoir et de rêve, ce héros anonyme l’accompagne et le pousse vers son rêve de toujours.
C’est alors qu’il fait la rencontre de Nour, une jeune femme avec qui il travaille dans une boutique “duty free” d’un aéroport. A deux ils vont vivre, s’aimer, se rassurer, s’accompagner et avancer. Mais quelque part en lui, Léo n’a jamais abandonné l’idée de voler. C’est ce qu’il fera, c’est ce qu’il veut, quoi qu’il puisse lui en coûter…

“Nuages” de J. Personne est une ode à la rêverie mais également un spleen moderne nous mettant face aux désillusions et à la réalité de la vie lorsque nous grandissons. Tout à chacun à un rêve, il en va de notre responsabilité et de de nos envies de vouloir le réaliser. Mais parfois il arrive qu’ils nous déçoivent. Les rêves ne sont peut être pas faits pour être réalisés. Peut-être sont-ils présents pour nous donner de l’espoir ? Peut-être que les rêves sont dangereux ? Peut-être ne sont-ils qu’un fantasme de jeunesse nous armant d'œillères ? Peut-être qu’au lieu de se créer une cible, il faudrait devenir le héros de sa propre histoire ?
C’est ce que “Nuages” symbolise, c’est ce qu’il représente avec la trajectoire de son protagoniste perdu entre réalité et rêverie. 
Le tout appuyé par des planches purement contemplatives représentant la fatalité et le temps qui passe tout en nuages colorés échappant au temps.

Les rêves, comme les nuages, filent au gré des décisions du vent, et c’est à nous d’orienter notre cape dans ces couloirs aériens qu’on appelle la vie. 

Qui n'a jamais rêvé d'un trek, pour partir, s'évader, respirer, voir ailleurs ?

Dix mois après un accident qui a endeuillé sa famille, Erik a l'idée de louer quelque chose loin de tout et de tous : un chalet dans les montagnes norvégiennes, les Alpes de Lyngen, dont le plus haut sommet culmine à près de deux mille mètres d'altitude. L'air frais. Le ski. Les aurores boréales. Une occasion unique de se retrouver avec sa femme Elisa et leur fille Sofia, être ensemble tous les trois, ressouder leurs liens...

À leur arrivée en ville, avant d'emprunter la piste enneigée, une manifestation les surprend. Un groupe d'hommes et de femmes brandissaient des pancartes portant des slogans : DITES NON AU NICKEL DE NOVOTROITSK. Les manifestants, certains arborant les bleu et rouge vif de la traditionnelle robe samie, se pressaient autour de l'une des leurs, qui s'adressait à la foule, un micro à la main. La société russe, Novotroitsk Nickel, allait rouvrir l'ancienne mine de cuivre et détruire les pâturages des rennes. 

Elisa, qui travaille à l'association écologiste les Amis de la Terre Norvège, connaît bien le sujet, notamment grâce aux échanges qu'elle a eus avec une militante samie Karine Helgeland devenue son amie, qui les accueille et les invite à dîner le lendemain avec son mari Lars.
Dans leur maison, Sofia s'émerveille devant les vieux objets : photos d'ancêtres, peigne en bois de renne, étui à aiguilles en corne, et stuorraaniibi - couteau sami, que Lars lui offre en cadeau d'anniversaire, apprenant qu'elle aura 13 ans demain.

Au petit matin, pour fêter sa fille, Erik décide de l'emmener en expédition, en randonnée sur le Long Ski. Comme l'enfant, votre libraire a ressenti l'excitation du départ, le vent glacé, l'immensité du paysage, la neige à perte de vue, l'aigle qui jaillit du ciel pour fondre sur le lièvre, la tente, abri fragile dans la nature hostile. Mais la petite va se blesser, et à partir de cet instant, l'histoire dérape. Il y a hémorragie, il faut la soigner, et vite, Erik s'élance en traîneau, la maison du couple Helgeland est à cinq ou six kilomètres, vont-ils y arriver ? Ce n'est que le prélude à une tension qui va aller croissant car si Karine et Lars vont bien les aider, personne ne peut imaginer que cette même nuit tout va basculer : des hommes armés font irruption, ils veulent discuter avec les militants écologistes. À l'étage, Erik et sa fille les entendent parler en russe, menacer le couple, la dispute s'envenime devant leur refus, soudain un coup de feu éclate ! Il faut fuir... Un des Russes les voit tenter de s'échapper, commence alors une traque impitoyable, qui emporte tout sur son passage, y compris le lecteur, tenu en haleine jusqu'au bout de la nuit.

La cuisine est un véritable langage universel de l'amour et de l'attention. Retrouvez des recettes élaborées avec soin qui témoignent d'une déclaration silencieuse mais puissante de notre affection pour ceux qui auront le privilège et le plaisir de les déguster. Ces recettes variées sont l'expression du dévouement et de la générosité envers ceux qu'on aime. Découvrez quelques recettes originellement sucrées transformées en plats salés pour le plus grand plaisir de vos papilles, tels que le crumble aux tomates ou les cannelés aux tomates séchées et parmesan. Mais ne passez pas à côté du mythique poulet du dimanche à partager en famille ou du cheesecake au saumon qui saura vous surprendre. Valérie Duclos, nous offre un livre de cuisine aux recettes et photographies réconfortantes qui nous donnent envie de cuisiner avec et pour ceux qu'on aime de l'entrée au dessert !  
Un livre qui parle d'amour de l'autre, de soi et de la cuisine à travers 64 recettes simples et du quotidien ou pour de plus grandes tablées. 

Cuisinez pour dire "je t'aime" à chaque bouchée !

Le mur invisible de Marlen Haushofer est un texte contemplatif sous la forme d’un journal de bord d’une femme qui tente de survivre. Suite à une catastrophe, elle se retrouve coincée en haute montagne en compagnie de quelques animaux. Elle décide d’écrire sur son quotidien, ses pensées et sa solitude, sur le peu de papier qu’il lui reste…Un roman qui se savoure et qui vous saisira jusqu’à sa dernière phrase. 

« Notre âge est celui où la violence envers le vivant s’exerce de manière décomplexée, parce que ce sont l’altérité, la vulnérabilité, l’imprévisibilité et la moralité du vivant et, en lui, la nôtre, qui sont les objets de notre crainte, voir de notre haine. »

Corine Pelluchon fait éclore une philosophie sensible et émouvante, dans un style limpide et clair, offrant à tout à chacun(e) la possibilité de retrouver le souci de soi et des autres, avec plaisir, goût, et exploration du sentir. Une corporeité permettant l’approfondissement du sujet, l’émancipation des individus, tout en humilité et en douceur… Pour un nouvel âge de la considération, une transcendante traversée de l’espérance vers un monde où il fait mieux vivre pour tous. Car, pour faire un usage public de notre raison, nous devons reconnaître notre vulnérabilité et transformer notre expérience de la souffrance (desubjectivation, alienation, domination) en responsabilité. Quitter les rivages de la satisfaction immédiate et de la jouissance inépuisable, en considérant notre finitude, vers un horizon qui inclue l’amour du monde et de la nature dans le souci de soi.

Face au nihilisme, choisir la coopération contre la défiance : une transformation de soi et de ses dispositions morales nécessaires à la réorganisation de nos structures (environnement, cause animale, démocratie), pour la transmission d’un monde habitable. Un immense coup de cœur !

Suzy vient de perdre son grand-frère dans un accident. Depuis, sa mère ne se lève plus et son père lui répond sans arrêt que “c’est ok”. Elle a vécu l’incrédulité, la colère, les larmes intarissables. Tout le monde est gentil avec elle depuis l’événement (oui, il semblerait que c’est tabou de dire mort) même si certains la regardent comme si elle était devenue une ovni. Après cette tempête émotionnelle, les choses s’apaisent pour elle : elle se surprend à rire parfois, elle a de nouveau envie de jouer et son petit cœur bat toujours pour le beau Léo. Ses amis sont toujours là, l’école et le quotidien reprennent peu à peu leur place. En revanche, son frère ne sera plus jamais là et d’ailleurs, une question la taraude : où est-il ? Avec ses amis, elle va tenter de trouver des réponses…
Une paillette dans l’iris fait partie de ces romans dont la lecture marque irrémédiablement. Oui, le sujet est dur, on n’a jamais envie de parler de la mort d’un enfant. En revanche, on voudrait toujours transmettre l’espoir à nos enfants, leur apprendre qu’il y a toujours un "après", que tous les chagrins, même les plus extrêmes, finissent par s’apaiser. Et c’est exactement ce que nous enseigne ce roman. Suzy est un personnage absolument lumineux. Sa parole, ses réflexions et maintes interrogations sont d’une incroyable justesse. En la suivant dans son parcours, on s’inquiète, on sourit, on verse une larme mais à la fin du roman, on est surtout soulagé : tout va bien se passer pour elle.
Un livre à lire dès 9 ans pour parler du deuil évidemment mais surtout de lendemains meilleurs. 

Le dernier polar de Peter May se déroule en grande partie en 2051, cependant n’allez pas croire que nous sommes dans un roman d’anticipation !

Certes les moyens de locomotion et de communication ont évolué, plusieurs villes ou pays ont disparu sous les eaux, l’Ecosse a adhéré de nouveau à l’Union européenne et se trouve à un tournant politique majeur avec les prochaines élections, mais dans ce “village au bout du loch Leven” (d’où le titre) où rien ne semble changer, l’immuable va côtoyer l’impensable vérité.

Dans ces paysages majestueux et isolés des Highlands relativement épargnés mais soumis au Grand Changement comme partout ailleurs, la découverte d’un corps encastré dans la glace va faire basculer la vie d’Addie, climatologue venue relever les données de sa station météo. Depuis dix ans qu’elle tient son père pour responsable du suicide de sa mère, Addie a rompu tout lien avec lui et a refait sa vie loin de Glasgow. Apprenant qu’un journaliste spécialisé dans les scandales politiques a été retrouvé mort près de Kinchlochleven, là où réside précisément sa fille, Cameron Brodie va tenter de reprendre contact avec elle et lui expliquer sa version de leur douloureuse histoire. Rien de plus facile pour l’inspecteur Brodie, mais rien de plus difficile pour ce père taiseux, solitaire, renfermé sur tous les secrets qui ont jalonné son existence. Quand son médecin lui annonce un cancer à un stade avancé, Brodie n’hésite plus et se lance dans cette quête insensée, à la fois perdue et vitale pour lui.

“Tempête sur Kinlochleven” est un roman atmosphérique, traduit par Ariane Bataille, qui vous serre le coeur à bien des égards, évite le pathos et réserve bien des surprises : un grand moment de lecture dans lequel Peter May réussit à nous faire ressentir, comme dans sa célèbre trilogie écossaise, toute l’épaisseur et la sensibilité des sentiments humains confrontés à la rudesse du climat.

Nous sommes le 30 octobre 2022 et il est presque minuit. Jen Brotherhood, attend que son fils rentre d'une soirée. Même si Todd a 18 ans et que c'est un garçon raisonnable, elle est inquiète, comme toutes les mères quand leur enfant sort le soir. Lorsqu'elle aperçoit Todd au bout de la rue, Jen se sent soulagée. Jusqu'au moment où le jeune homme sort un couteau et poignarde un inconnu sous ses yeux. Todd est arrêté et emmené au poste mais la police ne l'interrogera que le lendemain. Quand Jen se réveille, prête à aller voir la police, elle découvre Todd à la maison, comme si rien ne s'était passé. La date du jour est le 28 octobre 2022, deux jours avant le drame, et Jen comprend alors qu'elle a l'occasion de sauver la vie d'un homme et d'empêcher son fils de devenir un meurtrier.

Si vous pensiez lire un nouveau thriller domestique, détrompez-vous ! La construction originale du récit fait que "Après minuit" devient un polar au rythme haletant qui ne ressemble à aucun autre livre. Comme Jen, le lecteur remonte le temps, de jour en jour, à la racine du crime et chaque indice censé nous rapprocher de la vérité, nous en éloigne au chapitre suivant. Après nous avoir manipulé pendant presque 400 pages, Gillian McAllister nous offre un final surprenant que vous aurez du mal à oublier.


Traduit de l'anglais par Clément Baude