« Car maintenant seulement je suis jeune, maintenant seulement je puis être ce que d'autres sont à dix huit ans : entièrement moi-même ».

Lou Andrea Salomé a plus de quarante ans lorsqu'elle adresse cette phrase superbe et lumineuse à Rilke. L'idée qu'elle défend fait écho à la quête de Paul Nizan lorsque ce dernier ouvre son Aden Arabie dans un déchirement : « J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. » Qu'est-ce qu'être jeune ? Etre libre ? Demandez à Holden Caulfield, l'inoubliable adolescent de L'attrape cœur de Salinger s'il se sent libre : être sur la ligne de départ, candidat au meilleur comme au pire. Le vertige.

La peinture et la littérature se sont de touts temps penchées sur les différents âges de la vie. Quel que soit l'âge auquel nous arrivons, il est une terre inconnue, que nous devons appréhender. La littérature, en ce qu'elle témoigne d'une réflexion et élargit un champ d'expérience, est aussi, parfois, un outil, une consolation, qui nous permet de mieux appréhender l'existence ou de découvrir comment un-e- autre vit. Elle permet de méditer, et nous fait découvrir intimement, en avant-première, des situations ou des sentiments auxquels nous ne sommes pas encore confrontés.

Ce dossier est également un moyen pour nous de mettre en avant des titres qui nous sont chers, pour ce qu'ils disent de la rage de la jeunesse (A ma source gardée de Madeline Roth, Le désarroi de l'élève Törless de Musil, Rien ne survivra : le pire est avenir de Mazaurette), et pour ce qu'ils évoquent de la beauté de la vieillesse (La survivance de Claudie Hunzinger, Les choix secrets d'Hervé Bel, La force de l'âge de Simone de Beauvoir).


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