Depuis les Pays-Bas où il réside, en tant qu'élu municipal à Amsterdam, l'auteur a observé la campagne électorale pour les élections présidentielles de 2007 et constate que l'engagement du pouvoir politique envers les minorités, qu'il s'agisse de femmes, musulmans, Noirs, immigrés ou homosexuels, reste encore imprécis. Il dresse le tableau d'une situation française contrastée. ©Electre 2024

En élisant Nicolas Sarkozy, la France a envoyé un signal au monde. Un père immigré, un grand-père juif, un étrange nom à rallonge et deux divorces : autant de ruptures, autant de leçons de tolérance.

Et pourtant le président de la République, comme tous ses prédécesseurs, et comme une part écrasante des élites françaises, est un homme blanc catholique et hétérosexuel. Saisissant raccourci d'une République qui se glorifie de sa fausse diversité et de sa prétendue tolérance pour mieux masquer les discriminations et étouffer toute contestation de son « modèle d'intégration ».

Des Pays-Bas où il est installé depuis dix ans, Laurent Chambon a observé l'action de Nicolas Sarkozy au gouvernement, sa campagne électorale puis la première année de sa présidence. Au-delà des promesses, des discours et des postures, un constat s'impose : il reste encore un long chemin à parcourir pour que le monde politique et les médias s'ouvrent, réellement et non plus symboliquement, aux minorités, qu'il s'agisse des femmes, des musulmans, des Noirs, des immigrés ou des homosexuels.

La France d'aujourd'hui est un grand mélange, sa diversité fait sa richesse. Mais vue de l'étranger, elle semble toujours en panne, comme incapable de dépasser ses vieux préjugés.

Enfant de la banlieue parisienne, Français résidant à l'étranger, gay dans une société protestante, élu municipal d'un arrondissement cosmopolite d'Amsterdam, Laurent Chambon livre ici une analyse acérée et décapante du modèle français où se mêlent regard sociologique, récit personnel et ironie douce-amère.

Un voyage de Detroit à Soweto, des banlieues parisiennes aux quartiers branchés d'Amsterdam, du monde de la musique à l'univers de la télévision en passant par les arrière-cuisines de la politique, qui illustre combien il peut être néfaste de se crisper sur une « identité nationale » stable et homogène. Car le refus du mélange est peut-être le plus sûr moyen de dissoudre le vivre ensemble.