Un coup de coeur de Mollat
« L'homme du verger », c'est William Talmadge, un homme vieillissant seul depuis la mort de ses parents alors qu'il était enfant et la disparition mystérieuse de sa soeur adolescente. Talmadge n'a que ses arbres à chérir au rythme des saisons, et la compagnie fidèle mais intermittente de Clee, l'indien muet éleveur (et voleur à ses heures) de chevaux et celle de Caroline Middey, sa vieille amie herboriste. Un jour, deux gamines sales, enceintes et effarouchées apparaissent sur sa propriété après lui avoir dérobé quelques pommes au marché et bousculent son quotidien. Peu à peu, une relation de confiance implicite s'établit entre le taciturne Talmadge et les deux sauvageonnes, jusqu'au jour funeste où les hommes armés font irruption sur le domaine pour les récupérer de force. Des lors, les conséquences tragiques de cet épisode vont se diffuser tout au long du roman. Déterminé à prendre soin de cette famille de fortune, Talmadge s'emploiera à recréer une relation qui n'a pas grand-chose à voir avec les liens du sang : Inédite, généreuse et gratuite, celle-ci est l'expression de la bonté humaine absolue, sans aucune connotation religieuse ou charitable.
Le verger, sorte de paradis perdu, est le cadre idyllique dans lequel évoluent des personnages dont l'intensité n'est pas sans rappeler ceux de Faulkner : Taiseux et maladroits, ils traversent une existence marquée par la violence des rapports humains et la nostalgie brisée.
Il est fort à parier que ce beau western élégiaque restera longtemps dans les mémoires, tant l'attention portée à tous les sens ainsi qu'aux paysages grandioses de l'Ouest américain irrigue chaque page de cette ode au Jardin d'Eden.