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Un coup de coeur de Mollat
- P'pa, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c'est que j'ai tué grand-mère. La mauvaise c'est que j'ai tué aussi grand-père. Je t'assure que c'était pour lui éviter la peine de voir grand-mère morte.
Imaginez que votre fils vous annonce cette nouvelle au téléphone. Vous serez bien entendu tout aussi abasourdi que le père d'Al Kenner, mais annoncée par la voix de Bernard Métraux, vous serez atterré.
Dans son roman Avenue des Géants, Marc Dugain nous raconte l'histoire d'un homme (Edmund Kemper de son vrai nom) qui a défrayé la chronique entre les années 1960 et 1970 aux États-Unis. La froideur du personnage étonne et fascine le lecteur qui le rencontre alors qu'il n'est qu'un adolescent dont les parents se sont séparés brutalement. Rien de très original, penserez-vous, mais vous changerez vite d'avis lorsque vous saurez que ce qui a le plus ennuyé Al le jour de ce double homicide est qu'il allait se dérouler le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Ce n'est que plus tard, après plusieurs années en institut psychiatrique que son acte prend du sens, bien qu'on ne puisse pas lui pardonner.
Impossible de ne pas se laisser emporter par la lecture de Bernard Métraux dont le ton parfaitement neutre et détaché donne au roman un côté encore plus terrifiant. Bien entendu, rien d'étonnant à ce qu'il parvienne à rendre avec justesse le ton de ce meurtrier psychopathe au vu de sa voxographie (Bill Murray, Kevin Spacey, Bruce Willis...). En bref, ce livre-lu ne vous laissera pas indemne.