Un coup de coeur de Mollat
La sortie en poche de l'explosif Cité sauvage de T.J. English nous en donne une idée plus précise en se focalisant sur les années 60, période de troubles intenses et violents au cœur de la Big Apple.
En toile de fonds, English choisit de se concentrer sur trois personnages qui ont alimenté sans cesse les tabloïds new-yorkais durant cette décennie. George Whitmore, jeune noir paumé qui sera l'objet d'un des plus grands scandales judiciaires de la ville. Bill Phillips, flic véreux et sans scrupules qui deviendra la plus grande « balance » de l'histoire de la police et rendra public un réseau de corruption policière gangrenant la hiérarchie d'un bout à l'autre. Enfin Dhoruba Bin Wahad, activiste révolutionnaire militant pour les droits des Noirs, à l'origine de la création de la section des Black Panthers de New York.
Tous trois sont symptomatiques d'un système qui étouffe la ville de New York : une justice occultée par un racisme systématique, une police rongée par la corruption et le culte du silence, une population noire qui ne peut plus retenir sa soif de liberté, réclame les droits qui lui sont dus et décide de se faire entendre. La ville est en ébullition. Un fait divers sordide met le feu aux poudres et c'est toute la ville qui s'embrase pour plus d'une décennie.
Dans un style à mi-chemin entre le journalisme et le polar, English taille au scalpel une période emblématique dans la lutte des droits civiques. Les assassinats de JFK, Luther King, Malcolm X rythment les sixties et alimentent cette ambiance révolutionnaire. On plonge littéralement tête baissée dans l'histoire de cette ville qui reflète finalement celle d'un pays tout entier.