Un coup de coeur de Mollat
L'accident n'a aucune conséquence sur la victime, mais il marque chez notre héros un point de non retour. Arrivé chez lui, Paul décide de quitter femme et enfants, de s'installer dans un appartement et de se consacrer tout entier à l'aménagement de celui-ci. Pour se distraire et avoir un peu de compagnie, notre homme achète un poisson rouge.
« Changer d'air », quitter le monde et essayer de se construire un sas de décompression, voilà bien ce à quoi aspire Paul. A l'image de ce poisson qui tourne dans son bocal, et qui tente un ultime saut qui lui sera fatal, Paul cherche à garder la tête hors de l'eau et à trouver l'oxygène qui lui permettra de subsister.
Étrange roman que celui de Marion Guillot, qui n'est pas sans faire penser à certains romans de Georges Perec – Un homme qui dort, pour l'immobilisme du héros, Les Choses pour l'obsession du matériel – mais dont l'écriture doit aussi beaucoup au Nouveau Roman. On lit ce petit texte d'une traite, fasciné par l'écriture, la précision clinique de ses descriptions, et troublé par ce personnage, dont les failles finissent par nous toucher au cœur.