Un coup de coeur de Mollat
L'assassinat de John Sassamon le 29 janvier et le procès qui s'en suivit, condamnant trois Indiens à la pendaison, fût l'élément déclencheur d'un conflit qui allait faire de nombreux morts, en particulier du côté des autochtones.
L'intérêt porté par Jill Lepore est double. En cherchant à nous relater les faits, elle s'est interrogée sur les auteurs des sources : Qui nous écrit, à l'époque, pour nous raconter cette guerre ? Ce « qui » désigne les colons. En effet, seuls détenteurs de la connaissance de l'écriture, ils possèdent alors le pouvoir de faire la guerre à deux niveaux.
L'encre se mêle alors au sang, les pages des livres (plutôt nombreux sur ce conflit) continuent le combat en imposant encore davantage la suprématie anglaise sur le peuple indien.
Cette absence de témoignages indiens est uniquement due au fait que les colons n'ont jamais accordé d'importance à leur parole, les considérant comme sauvages et analphabètes, donc sans intérêt. Pour autant, les tribus ont tout de même laissé des traces, notamment sur des pierres gravées, toutefois personne n'a pu, su les traduire, il n'en reste malheureusement rien aujourd'hui.
La question de l'écriture de la guerre est évidemment centrale dans toutes les démarches historiographiques, étant donné que depuis toujours l'histoire de l'humanité est marquée par une succession ininterrompue de conflits.
Que nous révèlent réellement ces récits ? Que nous disent-ils de notre vision des événements ?
La réflexion tissée avec talent par Jill Lepore est tout à fait passionnante. Questionnant à la fois ce qui fait Histoire et la façon dont elle s'écrit ; l'auteur revisite ce conflit du XVIIe siècle, lui conférant alors une contemporanéité éclatante.