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Les chrétiens et la culture : conversion d'un concept (Ier-VIe siècle)

Auteur : Sébastien Morlet

Un coup de coeur de Mollat

Dans ce court essai particulièrement stimulant, l'auteur nous convie à un passionnant voyage à travers les premiers siècles du christianisme et, d'une manière assez inédite, nous invite à reconsidérer le rôle que les premiers textes chrétiens ont joué dans l'évolution de la notion de culture.

Il montre en effet à quel point les écrits des Pères de l'Église, questionnant la valeur philosophique et morale de la culture des Grecs dans leur possible concordance avec les doctrines de la nouvelle foi chrétienne, ont amorcé, par glissement sémantique, une progressive métamorphose de l'idée même de culture.

Là ou précédemment elle ne désignait qu'une singularité civilisationnelle, marqueur affiché d'une opposition à la "barbarie", et renvoyait surtout à un corpus d'enseignements et de disciplines rigoureusement définis (la "paideia" grecque), la culture apparaît, sous la plume de cette nouvelle génération d'auteurs chrétiens,comme une donnée plus vaste, pluraliste et relative.

Pour étayer sa thèse, l'auteur use autant de rigueur que nuance. Car, entre le Ier et le IIIe siècle, les opinions étaient loin d'être homogènes. Si, parmi les ardents défenseurs du christianisme, beaucoup, comme Justin ou Origène, ont critiqué les fondements de la culture des "païens", à travers notamment des traités apologétiques ou hérésiologiques, d'autres, à l'instar de Philon d'Alexandrie, ont pu au contraire reconnaître certains mérites et apports de l'héritage grec, estimant qu'ils étaient compatibles avec la nouvelle religion chrétienne.

Il est intéressant d'aller plus loin. Comment chacun des sept enseignements de la paideia (grammaire, dialectique, rhétorique, géométrie, arithmétique, musique et astronomie) a t-il été considéré, rejeté ou intégré par les commentateurs chrétiens? Sachant qu'ils étaient eux-même largement hellénisés et défenseurs d'un Nouveau Testament rédigé en grec, certaines attitudes pouvaient parfois tenir du paradoxe, lorsqu'il s'agissait par exemple de "diaboliser" la dialectique en usant précisément de cette même dialectique.Et il est, par d'autres côtés, intéressant de constater à quel point d'autres disciplines, comme la musique ou l'arithmétique, ont pu harmonieusement se fondre dans cette nouvelle approche intellectuelle et symboliste de la pensée chrétienne.

Peut-il exister une foi sans culture? Tout l'enjeu du livre tient précisément dans cette question qui, dans cette période troublée de l'Antiquité tardive, fait naître des débats passionnés autour de ces deux polarités en apparence dichotomiques: d'un côté, le rationalisme de la culture grecque et de l'autre, une "folie pour les païens", selon les mots de Saint Paul, une foi nouvelle sous la forme mystérieuse de la Révélation d'un dieu incarné. Non seulement ces controverses ont par eux-mêmes généré une littérature spécifique, que l'on nomme aujourd'hui patristique, mais elles ont surtout contribué à identifier la perméabilité d'une culture qui, par le prisme de la religion, a pu se renouveler et perdurer jusqu'à poser les fondements intellectuels de la modernité.

De manière claire et rigoureuse, et par une approche originale et éclairante, Sébastien Morlet nous offre à travers ce petit livre un formidable accès aux enjeux fondamentaux de la toute jeune littérature des Pères grecs, ainsi qu'à ces "disputes" inédites mettant en parallèle sagesse philosophique et foi révélée, premiers linéaments d'une nouvelle forme de culture, qui, au delà de tout "bricolage" syncrétique, deviendra une culture chrétienne à part entière.
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Résumé

Une réflexion sur la contribution des chrétiens de l'Antiquité au renouvellement de la conception de la culture. Elle examine d'abord leurs relations contradictoires envers l'hellénisme, avant d'interroger leurs travaux sur la grammaire, la rhétorique, la dialectique, la géométrie, l'arithmétique, la musique et l'astronomie. Le christianisme a ainsi défendu la diversité intellectuelle. ©Electre 2024

Quel rôle le christianisme a-t-il joué dans l'histoire de la notion de culture ?

Dans l'Antiquité chrétienne, deux attitudes se font jour. Certains chrétiens manifestent une hostilité à l'égard de la culture grecque, qui leur paraît pernicieuse et inspirée par les démons. D'autres tentent au contraire de montrer son utilité pour la formation de l'esprit et la défense, l'explication, et l'exposition de la foi.

Mais au-delà de cette tension entre hostilité et attirance face à la culture grecque, se joue dans les textes chrétiens de l'Antiquité un renouvellement important de la notion même de culture. En la dissociant de toute référence à l'hellénisme et en l'élargissant à tout ce qui peut assurer à l'homme sa pleine humanité, les auteurs chrétiens des premiers siècles ont légué à la postérité un idéal culturel fondé sur le pluralisme et la diversité, dont, sous une forme sécularisée, nous sommes encore aujourd'hui les héritiers.

Cet essai, écrit par un spécialiste de l'Antiquité chrétienne, conduit à revoir un certain nombre d'idées recues sur les rapports entre monothéisme et culture. Il invite à situer l'émergence de la réflexion chrétienne dans le cadre, non seulement d'une confrontation, mais également d'une profonde continuité avec la pensée grecque, et notamment la philosophie.

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Fiche Technique

Paru le : 12/02/2016

Thématique : Histoire du christianisme, Chrétiens d'Orient

Auteur(s) : Auteur : Sébastien Morlet

Éditeur(s) : Belles lettres

Collection(s) : Les petits livres rouges

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-251-44564-9

EAN13 : 9782251445649

Reliure : Broché

Pages : 234

Hauteur: 17.0 cm / Largeur 10.0 cm


Épaisseur: 1.9 cm

Poids: 175 g