Un coup de coeur de Mollat
Derrière la « dame de fer », et au nom de la démocratie, s'est engouffré le capitalisme agressif, prédateur et mondialisé. « The crime of enclosure » (1), est devenu la règle au nom de la de liberté individuelle…
Elinor Ostrom, prix Nobel d'économie 1989, a rompu le charme discret en proposant une troisième voie : L'accès universel aux biens communs. Face au droit libéral entre les individus, il propose un droit entre les individus et les choses, une autre forme de posséder, axée sur la question centrale de besoin. Mais comment traduire cette pensée économique d'un point de vue juridique, sans passer par l'utopique abolition du concept de propriété ? Car il faut aller aussi au-delà du principe de souveraineté territoriale et redéfinir le concept des droits fondamentaux ancré sur l'individualisme de la modernité occidentale. Le droit à l'eau, l'air, la nourriture, les soins, la connaissance, le patrimoine artistique, internet, les réseaux hertzien, tous ces droits relèvent de l'impératif public : Ils exigent une solidarité entre les vivants, entre les vivants et les morts, entre les vivants et ceux à venir… C'est un véritable défi pour la survie de l'humanité.
En octobre 2012, l'université de ParisVIII a réuni juristes, enseignants, chercheurs pour tenter d'analyser et recomposer ces droits. Le livre, d'accès facile mais rigoureux dans les analyses,
est la compilation des réflexions issues de ce colloque. A lire aujourd'hui car on en parlera obligatoirement demain.
(1) Terminologie employée par la cour suprême indienne en 2011 condamnant une société immobilière qui s'était emparée, à des fins de construction, d'un lac utilisé par la population locale d'abreuvoir à vaches et de réservoir en période de sécheresse.