Un coup de coeur de Mollat
Mais qui se cache donc derrière ce joli nom de Tsu Yun?
Ce fut le dernier des grands maîtres du Tch'an, qui est la forme chinoise du zen.
Sa vie est une véritable épopée.
Il s'enfuittôt de chez lui car, étant l'unique héritier de sa famille, son père n'accepte pas que son fils veuille devenir moine et par conséquent refuse de perpétuer le nom de sa famille.
Commence alors une nouvelle vie, rythmée par les saisons, les rencontres et la marche... En effet, sa soif d'errances lui fait parcourir de nombreux chemins, pays et kilomètres, ce qui lui doit le surnom de Tsu Yun signifiant "nuage vide". On lui reproche parfois cette vie vagabonde mais il se justifie en citant un Ancien : "après avoir lu des centaines de livres, il faut parcourir des centaines de kilomètres."
Tout au long de sa vie, il va reconstruire des temples, donner des discours, réciter des sutras. A l'âge de 113 ans, il est battu et laissé pour mort par des communistes chinois dans son propre monastère. Nous sommes alors dans les années 50. Il en réchappe de justesse en se plongeant dans un état de profonde méditation, montrant ainsi sa force intérieure. A ce moment là, il décide de dicter ses mémoires à quelques disciples.
Il meurt à l'âge de 120 ans en profond état de méditation.
Et voici pour vous mettre en appétit, quelques extraits de ses discours, figurant à la fin de l'ouvrage...
La pratique du Tch'an est de jeter une tuile dans un étang profond. Lorsque nous méditons un hua tou, nous devons regarder dedans jusqu'à atteindre son fond et le réaliser.
La pratique n'a pas d'autre méthode. Elle demande seulement de connaître la Voie.
Si la Voie est connue la naissance et la mort cessent d'exister.
Notre voie consiste à laisser nos bagages ; alors notre demeure est proche.
Si la précédente pensée n'est pas levée, c'est l'esprit. Si la pensée suivante n'a pas de fin, c'est le bouddha