Un coup de coeur de Mollat
Journaliste, mariée à Antoine, un brillant chirurgien qui l'aime d'une passion inconditionnelle, Adèle est une beauté élégante qui, au risque du cliché, a tout pour être heureuse. Mais qu'importe ce bonheur factice quand son seul, et néanmoins éphémère réconfort, est de se jeter à corps perdu dans les bras d'inconnus, d'où qu'ils viennent et quels qu'ils soient. Mauvaise épouse, mauvaise mère ? Même Lucien, son petit garçon de 3 ans, ne trouve pas grâce à ses yeux. Bien sûr elle y est attachée… Mais plutôt parce qu'il représente la preuve tangible d'une stabilité dont Adèle a besoin pour contrebalancer ses instants de perdition. De mensonges éhontés en dissimulations scabreuses, son quotidien se doit d'être orchestré avec minutie. Mais ses impasses la conduiront vers ce qu'elle redoutait en silence : la découverte de sa vraie nature. Il serait tentant d'avoir une vision manichéenne du mal dont Adèle souffre et si l'on pense à juste titre à la nymphomanie, l'auteure démontre que tout est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît…Telle une droguée en quête perpétuelle de sa dose quotidienne, Adèle attend ou provoque ces instants qui la feront toujours un peu plus basculer dans cette folie qu'elle ne s'explique pas. Le plus inattendu est que l'on en vient à s'imaginer un passé torturé, une enfance spoliée, qui justifieraient son comportement mais on ne trouve rien… Rien qui ne soit en tout cas relaté explicitement puisqu'il existe dans la famille d'Adèle, comme dans bien d'autres, des secrets et des sujets tus. Et s'il n'y avait pas de raison ? Si Adèle était tout simplement « comme ça » ?
Ce livre, en nous incitant à dépasser nos propres représentations, déconcerte et lève le voile sur les contradictions et faiblesses d'une femme. L'écriture franche et mordante de Leïla Slimani positionne d'ores et déjà son roman comme une des belles découvertes de la rentrée.