Un coup de coeur de Mollat
Willa Marsh, qui écrit aussi sous le nom de Marcia Willett, l'a bien compris et elle nous régale en cet hiver pétrifiant et glacial d'un charmant petit roman plein de piquants et d'épines, qui colle au doigt comme un sapin trop chaud, une bonne dégelée littéraire sur les joies amères de la fraternité sororale (la pire sans doute car apparemment la moins violente...). Les deux sœurs qui en sont les héroïnes jouissaient des privilèges de la dualité quand leurs parents, issus d'un remariage (elles sont demi-sœurs en effet mais cela n'a fait que renforcer leur complicité), décident de magnifier leur union par une naissance et mettent au monde la mignonne petite Rosie, un ange, un amour, un délice, bref : un monstre, à baffer. Nous sommes dans les années 50 et en ce temps-là on n'avait pas l'insulte ou les paires de baffe comme exutoire à la colère, il fallait ruser pour se venger, ce que nos deux protagonistes vont entreprendre en faisant preuve d'une imagination sans borne pour faire payer à la cadette, une peste phénoménale, ses manigances exaspérantes et ses airs de sainte. Il y aurait beaucoup à perdre à raconter les méandres de cette histoire parfaitement conduite et qui réjouit en nous le sadique qui sommeille. Je me retiens de cracher le morceau de ce gâteau au fiel si goûteux dont on se ressert sans se faire prier. Jusqu'où iront-elles ? se demande-t-on. Vous êtes condamné à les suivre et à noircir votre sourire pour le savoir car leur appétit de vengeance est sans retenue. Ah, que ça fait du bien de laisser un auteur se lâcher. Et après, le miracle de Noël, eh bien on s'en moque un peu, non ?