Un coup de coeur de Mollat
Rappelez-vous le titre du roman – Room – et vous aurez une idée du lieu dans lequel il grandit depuis sa naissance. Séquestré avec sa mère dans une petite pièce, il tente de comprendre le monde qui l'entoure. Il ne voit donc personne de l'extérieur, excepté cet homme infâme que le petit garçon appelle le Grand Méchant Nick et avec qui la mère évite d'instaurer le moindre contact. La situation est d'autant plus délicate que Jack pose de plus en plus de questions, et qu'il devient difficile à la mère de continuer à déployer des trésors d'inventivité pour que son fils ait l'illusion de vivre normalement. Il va donc falloir s'enfuir, et ce par tous les moyens...
Room constitue un véritable tour de force. Emma Donoghue a admirablement réussi à se glisser dans la peau d'un petit garçon de cinq ans - c'est lui qui raconte l'histoire – pour nous livrer une réflexion originale et pleine de douceur sur l'amour maternel. On ne peut pas ne pas évoquer le style très particulier, où transparaît une vision naïve mais jamais bêtifiante de la réalité. Dans le monde de Jack, nous avons donc affaire à Monsieur Frigo, Monsieur Placard, Madame Commode, Madame Baignoire,... C'est surprenant à la première page, amusant à la seconde, et saisissant de justesse à partir de la troisième. À noter également que le tout est mené tambour battant.
Comment cette mère et son enfant sont-ils arrivés là ? Qui est le Grand Méchant Nick ? Comment vont-ils s'en sortir ? Le suspense monte progressivement, et vous laissera encore longtemps étourdi une fois les 450 pages lues. Pour une fois, les amateurs de littérature conceptuelle et de littérature classique seront d'accord pour reconnaître l'extrême sensibilité de ce beau roman.