Un coup de coeur de Mollat
Une évidence apparaît dès le départ, le métier de journaliste ne se fera pas à distance, loin des évènements, loin de la source même de l'information. Sa place est sur le terrain, dans la boue, dans les décombres, dans la peur, aux côtés des opprimés et des oppresseurs. C'est ainsi qu'il fait le tour du monde des conflits, du Guatemala, à l'Afghanistan, en passant par la Corée, le Cambodge, la Turquie, Israël, la Pologne… A chaque fois, l'immersion est brutale. Les extrêmes se côtoient au quotidien, la mort et la vie, actes inhumains et entre-aides vitales, temps d'attente et temps d'action. Un métier dangereux, dont il ne pourrait se passer, tant l'impression d'être à sa place durant ses moments-là est forte. Ses interventions auprès des populations meurtries par la guerre sont aussi, pour lui, un moyen de revenir sur sa propre histoire familiale. D'origine arménienne, sa mémoire est marquée par le génocide de son peuple. Cette histoire fait partie de lui, le guide, tel un fil d'Ariane, au cours de sa vie et de ses déplacements.
Pascal Manoukian offre une lecture riche en émotions, servie par une très belle plume. Il sait admirablement partager ses rencontres, ses craintes et ses montées d'adrénaline au rythme des pays traversés, décrits de telle manière que l'on respire, en le lisant, les odeurs de pluie, de poussière, de mort, d'hommes et de femmes.