Un coup de coeur de Mollat
Le pardon est-il une fin en soi ?
Dans son dernier ouvrage, Lytta Basset, théologienne et pasteur de renom, par son expérience personnelle, nous invite à une autre perspective. Comment pouvons-nous prendre conscience et vivre avec nos blessures qui peuvent nous empêcher d'être heureux ? Comment pouvons-nous pacifier nos coeurs, ce travail intérieur nécéssaire à notre équilibre ?
Je ne peux m'empêcher de vous dévoiler un extrait de son livre qui je suis sûr vous donnera l'envie de lire cette thélogienne talentueuse.
"A strictement parler, donc, toute offense est impardonnable, car toute offense peut rester impardonnée si, la blessure ne se refermant pas , la personne ne peut laisser aller le mal subi : cela lui appartient, et à elle seule, de savoir si elle veut oui ou non se donner les moyens de rendre pardonnable ce qui à ses yeux est impardonnable. Or, aucune démarche de pardon ne peut être fructueuse si elle fait l'économie de ce désespoir - ou de cette absence d'espoir : le mal subi ne sera jamais réparé, jamais complètement, ce ne sera plus jamais comme avant. Comme le dit si bien le philosophe Vladimir Jankélévitch : " Il y a une seule chose que Dieu lui-même ne sait pas faire : faire que les choses faites n'aient jamais été faites." Jésus lui-même, apparu vivant parmi les siens après sa mort, ne portait-il pas sur son corps les traces de sa crucifixion? Mais, dans la clarté de l'événement de Pâques, ne peut-on pas dire que le désespoir du "jamais plus comme avant" est destiné à devenir un "infiniment mieux qu'avant"? Le deuil du "jamais plus jamais comme avant" finit par se confondre avec celui de l'origine du mal subi. Le Christ lui-même ne s'est-il pas incliné devant cet insondable "pourquoi" ?
Bonne lecture à tous.