Un coup de coeur de Mollat
Avoir des béquilles dans la vie, ce sont des portes qui s'ouvrent toutes seules, des places dans le bus qui se libèrent, une forme de visibilité sociale qui offre le sentiment de devenir unique. Notre cascadeur, on l'a compris, a eu vite fait de se réjouir de son état et de progresser, sur béquilles, dans tous les domaines.
D'ailleurs sa voisine, Becky, (c'était osé !) vit désormais sous son toit. Il n'est donc plus seul à gérer les quelques tâches quotidiennes qu'il malmenait par son état. Il n'a pas pour autant l'intention de faire la cour à cette jeune femme qui jusque là peignait des paysages depuis sa chambre dans l'immeuble en face. Elle attend son compagnon de globe trotteur parti pédaler à travers le monde. Elle aura tôt fait de rejoindre ses pénates sitôt que l'inénarrable cyclisye Rütt sera de retour. Car Rûtt, un jour, est de retour.
Cet homme qui dormit dans tous les endroits possibles et toutes les positions possibles, confiera : " En ayant vu une si grande partie de la population du globe, il pensait mieux comprendre l'esprit humain, ce qui fait son angoisse, son bonheur. Quelles que soient l'origine ou la culture, dit-il, c'est toujours un peu la même angoisse qui revient, celle de l'amour, celle de la mort de l'amour. Le reste n'est là que pour combler le vide." Mais cette reflexion un peu maussade est une exception car ce premier livre porté par une lumineuse idée s'achève de la plus heureuse façon : "J'avais besoin de marcher"