On n'est pas sérieux quand on a 150 ans

L'homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d'ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d'un bleu pâle inquiétant"
Paul Verlaine, Les poètes maudits

Pour bon nombre d'entre nous, Rimbaud est LE poète. Génial compagnon de nos adolescences, sa saison en enfer souvent calée, cornée, au fond de nos poches, ses Illuminations mille fois récitées, murmurées, il est l'incarnation de la beauté pure, du nihilisme adolescent qui pare la poésie et ses destins incandescents de toutes les vertus, laissant les honneurs académiques aux poètes de papa. Ce premier punk est né il y a de cela cent cinquante ans à Charleville, fils de Vitalie Rimbaud, née Cuif, « femme mauvaise » et d'un capitaine qui préférait les joies de la garnison à celles du foyer familial.

En quelques années de vie et quelques milliers de lignes, Arthur Rimbaud aura inventé le prototype de l'icône adolescente, repeinte ensuite cent fois sous d'autres traits - Raymond Radiguet, James Dean et, plus récemment, Kurt Cobain. Une extraction ordinaire, un destin extraordinaire, une oeuvre brève et intense et une fin soudaine.

Cela, mille biographies le racontent, sans parvenir à épuiser le mystère qui fit de cet « ado » aux révoltes bien ordinaires un génie poétique. Sans parvenir non plus à expliquer vraiment le départ, l'exil, l'Abyssinie ; l'agonie et la mort, à Marseille.

On lira donc les biographes, on lira également les critiques, on lira, bien sûr, les écrivains qui l'ont tant aimé. Mais surtout on lira Rimbaud. Ses deux livres : Illuminations et Une saison en enfer, quelques poèmes à quatre mains et quelques volumes de correspondances. Et quand on l'aura lu, on le fera lire. Rimbaud n'est pas mort, il a 150 ans, et pas une ride.

Je m'entête affreusement à adorer la liberté libre. (A.R.)

Pour en savoir d'avantage sur Arthur Rimbaud et les célébrations du 150 anniversaire de sa naissance :

Le site officiel : www.rimbaud-arthur.fr
Le site non officiel, mais tellement mieux fait : www.mag4.net/rimbaud