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Dimanche noir

Publié le 26/01/2013
Le dimanche 16 décembre, pendant que le « peuple » démontrait à Paris sa force de réaction face au projet de loi sur le mariage pour tous, la neige crissait en Suisse sous les pas feutrés des membres du « Comité de Bâle sur le contrôle bancaire»...
Entre deux allées et venues des Mercedes de ces « sages » de la finance mondiale, la décision fut vite entérinée : la réforme de la régulation des marchés financiers attendrait 2016... (J'ai bien dit régulation pour ne pas faire s'en étrangler certains avec le mot réglementation désormais proscris). Le système de titrisation des dettes et les bilans comptables fantômes peuvent dormir tranquilles. L'incantatoire séparation des comptes bancaires, chère à notre président, attendra Godot et d'ici 2016 les spéculateurs et les rentiers continueront de narguer l'économie réelle privée de crédits productifs.

Alors coup de cœur collectif pour nos économistes locaux : Michel Cabanne, auteur du livre La trajectoire libérale et Jean-Marie Harribey pour sa participation au contre-rapport En finir avec la compétitivité.

Dans La trajectoire libérale, Michel Cabannes démonte parfaitement l'histoire du système néo-libéral qui, depuis les années 70, et s'appuyant sur la mondialisation libéralisée des marchés financiers, ne peut plus résoudre les grands déséquilibres économiques internationaux mais les aggrave. Le constitutionnalisme néo-libéral, c'est à dire la mise en forme juridique, réglementaire de tout ce système, contribue au reflux de l'État social. S'appuyant sur les très sérieux chiffres de l'OCDE ou de l'OFCE, Michel Cabannes cite plusieurs exemples : la déconnexion entre taux de change et paiements courants, la financiarisation du marché des matières premières, cause brutale de flambée ou de chute des prix. Quand aux résultats, les exemples sont tout aussi démonstratifs : pendant, par exemple, que 8 % du patrimoine privé se retrouve dans des paradis fiscaux, les marchés dérivés ont crû de 260 % entre 2000 et 2006 ! Inutile d'imaginer les conséquences sociales de la montée des prix alimentaires dans les pays en développement.

En finir avec la compétitivité se veut un contre-rapport face au rapport Gallois. Si la règle, fixée par les actionnaires, celle de la compétitivité (...entre eux) reste "la" règle économique", il est inutile de prononcer le terme « Développement ». Le chômage et la désindustrialisation sont liés, d'après Gallois, au coût du travail, donc harro sur tout ce qui est attaché au salaire et ses annexes. Attac et Copernic, on s'en doute, démontent tout le système : le modèle allemand, la croissance, la compétitivité néo-libérale...et le réchauffement climatique. Une seule alternative : la coopération et une sorte de taxe Tobin au kilomètre pour les transactions commerciales. On peut ne pas adhérer à tout ce programme mais il a le mérite de proposer une alternative.

On est bien loin, évidemment, du dernier Grandeur et misère de la finance moderne dans lequel 45 économistes du cercle Turgot analysent, de façon remarquable, 25 ans d'histoire financière. L'éditeur avait même argumenté sa 4ème de couverture de façon alléchante : "...Cette mutation conduit à repenser complètement les systèmes de régulation financière..."

Las ! Le soleil s'est couché très tôt à Bâle ce dimanche 16 janvier....

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