Chargement...
Chargement...

Fred Vargas...

Publié le 10/05/2005
la suite de notre dossier Spécial Vargas...

Danglard
Parmi les membres de l'équipe du commissariat du 5e, se trouve l'inspecteur Adrien Danglard. En ce qui concerne Adamsberg, Danglard va passer progressivement de l'étonnement à la séduction : "Adamsberg était son nouveau supérieur (…) A présent qu'il le voyait, il était surpris, mais pas seulement par cette lenteur des gestes et de la parole. Il avait d'abord était déçu par ce corps petit, mince et solide, mais pas impressionnant, par la négligence générale du personnage, qui ne s'était même pas présenté à eux à l'heure convenue, et qui avait noué une cravate sur une chemise déformée, fourrée n'importe comment dans son pantalon. Et puis la séduction avait monté, comme un niveau d'eau. Ca avait commencé par la voix d'Adamsberg. Danglard aimait l'entendre, ça le calmait, ça l'endormait presque".

Danglard, qui a un bon coup de crayon, aime à faire des caricatures de ses collègues mais… "D'avance, il savait qu'il ne s'attellerait pas au visage d'Adamsberg, parce que c'était comme si soixante visages s'y étaient entrechoqués pour le composer. Parce que le nez était trop grand, parce que la bouche était tordue, mobile, sans doute sensuelle, parce que les yeux étaient flous et tombants... On pouvait envisager que Dieu s'était trouvé en panne sèche de matière première quand il avait fabriqué Jean-Baptiste Adamsberg, et qu'il avait dû racler les fonds de tiroir, recoller des morceaux qui n'auraient jamais dû se trouver ensemble si Dieu avait disposé de bon matériel ce jour-là. "


Le dessinateur Edmond Baudouin a imaginé un visage à Adamsberg dans Les quatre fleuves (2000), roman de Fred Vargas mis en images, récompensé au festival de la bande dessinée d'Angoulême par le prix Alph-Art du meilleur scénario.

Quand Adamsberg évoque Danglard, cela donne : "Son préféré des inspecteurs, c'était Adrien Danglard, un homme pas bien beau, très bien habillé, le ventre et les fesses basses, qui buvait pas mal, et qui ne paraissait plus très fiable après quatre heures de l'après-midi, parfois avant. Mais il était réel, très réel, Adamsberg n'avait pas encore trouvé d'autre terme pour le définir". Ces deux-là vont s'apprivoiser, se respecter.

Danglard, érudit, véritable encyclopédie vivante, à la bibliothèque fournie, aurait voulu "écrire Les Mémoires d'outre-tombe ou rien". C'est "un penseur" comme aime à le répéter Adamsberg, "salement intelligent". Danglard est le père de cinq enfants, dont quatre jumeaux ! (les premiers sont deux garçons, les seconds jumeaux deux filles), le dernier est un petit garçon qui n'est pas de lui, mais que sa femme lui a laissé un jour en partant avec son amant "en disant que, à tant faire, c'était mieux que tous les petits soient ensemble".

 

Les Evangélistes
Les trois étudiants en Histoire surnommés "les évangélistes" : Marc Vandoosler (médiéviste), Mathias Dalamarre (préhistorien) et Lucien Devernois (historien de la Grande Guerre) - soit Saint Marc, Saint Matthieu et Saint Luc - partagent ensemble une barraque pourrie dans Debout les morts (1995) où ils apparaissent pour la première fois. Chacun occupe un étage de la maison selon les principes de l'Histoire : "L'ordre chronologique d'abord : au rez-de-chaussée, inconnu, mystère originel, merdier général, foutoir en combustion, bref, les pièces communes. Au premier étage, légère émergence du chaos, balbutiements médiocres, l'homme nu se redresse en silence, bref, toi, Mathias. Montant plus avant l'échelle du temps, continua Marc, bondissant par-dessus l'antiquité, abordant de plain-pied le glorieux deuxième millénaire, les contrastes, les audaces et les peines médiévales, bref, moi, au deuxième étage.  Ensuite, au-dessus, la dégradation, la décadence, le contemporain. Bref, lui, continua Marc en secouant Lucien par le bras. Lui, au troisième étage, ferment de la honteuse Grande Guerre la stratigraphie de l'Histoire et celle de l'escalier".

On les retrouve ensuite dans Sans feu ni lieu (1997), et Pars vite et reviens tard (2001), Marc réapparaissant sans ses accolytes dans Un peu plus loin sur la droite (1996). Cette figure du trio étudiant était déjà présente dans Ceux qui vont mourir te saluent(écrit en 1987, publié en 1994) sous les traits de Claude, Tibère et Néron qui enquêtent à Rome sur un vol de dessins de Michel-Ange.
Mais ils sont bien trop nombreux ces personnages, qui réapparaissent ici ou là, pour les citer tous ! On peut avoir un faible aussi bien pour Mathilde Forestier, océanographe de renom, pour sa fille Camille, toujours en partance, chère au coeur d'Adamsberg qui l'appelle en son for intérieur "la petite chérie", Louis ou Ludwig Kehlweiler dit "L'Allemand" qui se promène avec son crapaud Bufo dans la poche, la vieille Marthe, ancienne prostituée, Armand Vandoosler, ex-flic pourri, dit Vandoolser le Vieux, oncle et parrain de Marc, etc, etc...


Terminons par une autre facette de Fred Vargas, qui, en marge de ses romans policiers, a signé deux recueils atypiques de pensées, de réflexions sur la vie, la science et l'Histoire où l'on retrouve sa plume singulière et son sens de l'humour : Petit traité de toutes vérités sur l'existence et Critique de l'anxiété pure.

Enfin, signalons qu'elle a aussi coordonné un ouvrage collectif intitulé La vérité sur Cesare Battisti, où elle s'engage aux côtés de cet écrivain mis en cause par la justice italienne qui a demandé à la France son extradition.

 

Fred Vargas

 

retour

Bibliographie