Les origines du Manga
Il faut s'immerger dans les origines de l'histoire graphique du
Japon pour en trouver les racines, avec la technique de l'E-Makimono,
technique de dessin provenant de Chine qui a vu son essor entre le 9e et le 14e
siècle : des images peintes sur de longs rouleaux de papiers, agencées en
séquences et représentant des légendes, des anecdotes de guerre, des scènes de
la vie quotidienne, le tout traités avec humour. Ce sont les «chôjî giga», ou «
images d'oiseaux et d'animaux gambadant » de Toba (1053-1140) mettant en scène
des animaux afin de représenter des homme, qui sont considérés comme les
premiers dessins menant aux mangas. Bien plus tard, au moyen de la technique
xylographique « Ukyo-e », un art populaire représentant la société
japonaise en évolution, Katsuhika Hokusai (1760-1849) réalise en 1814 des
rouleaux d'images caricaturaux connus sous le nom «Hokusai Manga». Le terme
«Manga» était né.
Enfin, avec l'ouverture du Japon à l'occident par
l'empereur Mutsuhito en 1867, les caricatures, les dessins de presse, les strips
et comics occidentaux affluent et révolutionnent l'art graphique. Le premier
magazine de BD satirique japonais, le Tokyo Puck, paraît en 1905.
Ce
ne sera qu'après la seconde guerre mondiale que le manga moderne apparaitra,
et ce sera Osamu Tezuka (Astro le petit Robot, Métropolis, Black
Jack, L'histoire des 3 Adolf, Kirihito...) qui en jetera les
bases. Admirateur du travail de Walt Disney, et faute de ressources pour se
lancer dans l'animation, ce sera par le manga qu'il développera son intérêt pour
le style cinématographique, en manipulant les différents plans et angles, les
cadrages variés et la répétition de détails, tout en abordant des genres et
sujets variés. Il mourra en 1989, surnommé «kami-sama», le «dieu du
manga».
Le phénomène Manga au Japon
La commercialisation des mangas au Japon est radicalement
différente de celle en France. Tout d'abord, les mangas sont publiés chapitre
par chapitre dans près de 300 magazines hebdomadaires spécialisés (les
Mangashi), oscillant entre 350 et 1000 pages. Face à cette rude concurrence, les
magazines ont mis en place un système de vote qui permet d'éliminer les séries
ne rencontrant pas l'approbation du public. Ce qui oblige les mangakas (les
dessinateurs de mangas) à conserver un rythme soutenu dans les scénarios de
leurs mangas.
Quand une série rencontre un grand succès, elle est alors
produite sous la forme de dessin animé, ou « Anime ». L'inverse est aussi vrai
puisqu'il arrive que certaines oeuvres soient d'abord portées à l'écran puis
éditées en mangas comme Le voyage de Chihiro et Princesse
Mononoke, de Miyazaki.
On distingue trois principaux genres : les Shonen
qui s'adressent aux jeunes garçons, les Shojo pour les jeunes filles, et les
Seinen pour les adultes. Ces trois genres sont des étiquettes destinées à
orienter le public vers les mangas susceptibles de lui plaire.
Enfin, les
mangas bénéficient d'un réseau de distribution très large et très bon marché,
puisqu'ils sont généralement publiés sur du papier recyclé. On les trouve dans
les kiosques, les stations de métro, les distributeurs automatiques et même par
un système de location « Kashibon manga » inconnu en Europe.
|[1]| 2 ]