Nom,
prénom
Christophe Nicolas,
Seuil
Le jeune adolescent qui désormais prend possession du livre apporte soudainement une tension nouvelle, nous suivons avec fascination l'imperceptible désordre qui va peu à peu s'immiscer dans sa vie qu'il nous décrit par ailleurs comme quasiment parfaite. Une froideur mécanique aiguille toutes les pensées du jeune homme qui prend un plaisir certain à dérégler de son propre chef ce quotidien tellement confortable que lui ont apporté dès la naissance ses parents. Mais un incident majeur se produit, comme un boomerang revient l'absence du père et c'est en rôdeur que l'enfant reviendra hanter cette luxueuse maison, son foyer dès lors inoccupé. L'adolescence jusque là sabordée par l'ennui se transforme alors en statut clandestin et nous offre un regard magistral sur les conséquences de la disparition d'un père. Christophe Nicolas est à ce moment-là, au plus fort de sa logique, un très grand écrivain.
François Boyer
Radeau
Antoine Choplin, La Fosse aux
ours
Délicatement, fermer ce livre en prenant soin que les mots soient dejà secs. Le roman d'Antoine Choplin est très émouvant.
Nous sommes en 1940, un jeune homme, Louis, quitte Paris en voiture à destination de Périgueux. Il croise alors le destin de Sarah, une jeune femme au ventre rond qui marche au bord de la route quelque part vers le sud. Ensemble, ils vont continuer leur route avec pour mission de protéger des toiles dont le radeau de la méduse.
Tout en restituant en arrièrre plan les evènements noirs que l'on sait et grâce à sa palette de mots, l'auteur nous laisse au final une très joli roman.
Isabelle Bossard
Retour
d'Uruguay
Pascale Kramer, Mercure de
France
Mené comme une enquête par un narrateur aussi sensible que discret, ce roman aborde les contrées de la douleur familiale et du secret partagé, thèmes déjà explorés mais différemment avec le très beau "Les vivants." Une famille donc, mais encore faudrait-il parvenir à percer le silence qui cloisonne tous ses membres et au premier chef, l'inoubliable Nina, la plus jeune, admirablement perçue aux différents âges de son enfance. Le narrateur, aimanté par son sujet d'étude jusqu'à louer une chambre juste au-dessus de l'appartement de cette intrigante tribu "uruguayenne", ne cesse, comme le lecteur, de suspendre son jugement mais lentement, nous sentons l'effroyable prendre forme. Celui-ci ne se révélera jamais entièrement car la plus grande qualité des livres de Pascale Kramer est qu'ils ne contiennent nulle sentence, nul verdict ce qui ne les empêchent pas de laisser au demeurant un souvenir impérissable.
F.B.
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