Un coup de coeur de Sarah V.
C'est l'histoire de Pierre, un jeune étudiant en architecture qui, suite à une thèse troublée et troublante autour de ces thermes immergées dans la falaise, décide d'aller voir le lieu de plus près. À la fois hanté et attiré comme un aimant, il s'interroge, se baigne et griffonne des croquis dans un silence propre aux bains, tout en faisant la rencontre des habitants. Le mystère s'épaissit peu à peu avec l'arrivée d'un certain Philippe Valeret...
De cette architecture et ses montagnes qui l'enveloppent, vont ainsi naître des jeux de sensations autour des éléments naturels tels que la pierre, l'eau, la neige et la lumière. L'auteur semble s'inspirer pour cette histoire de l'idée-même de l'architecte Zumthor: "construire autour d’un évènement corporel ou physique » qui régit le bâtiment. Dans ce récit labyrinthe à l'allure aussi angoissante qu'un film d'Hitchcock, l'auteur puise alors dans les plus nobles références de la ligne claire en BD (comment ne pas y voir un digne héritier du grand Yves Chaland ?).
On pense aussi à l'architecture mouvante des Cités obscures de Schuiten & Peeters, mais aussi à une approche plus graphique de la sérigraphie, notamment dans le traitement des couleurs. Saluons à ce propos l'excellent travail éditorial de Sarbacane.
En somme, Lucas Harari compose par son écriture et son trait, un livre aux pages sublimes et oppressantes à souhait !
Dorénavant, il faudra le surveiller de près...