Un coup de coeur de Jean-Baptiste G.
L’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et la France y sont à l’honneur du fait de la richesse de leur patrimoine et de leur abondant héritage littéraire. Toutefois l’auteur ne conçoit pas ce monde chrétien de façon hermétique et les contacts avec le monde orthodoxe et l’Islam ont une part d’influence qui n’est nullement négligée. Ce livre est un exemple de vulgarisation scientifique et érudite qui ne cherche jamais à dresser un tableau exhaustif de toute la production culturelle de la période médiévale. L'objectif d'Oleg Voskoboynikov est de faire découvrir et redécouvrir certains textes, certains monuments et certains auteurs peu connus, ignorés ou complètement méconnus de la période médiévale. Ainsi se dévoile au fil de la lecture un autre Moyen Age .
Ce Moyen Age est bien loin de l’image traditionnelle obscurantiste où domineraient l’oppression, la violence et la régression (cette vision-là tiendrait dorénavant plus de l’image d’Épinal que de la réalité historique). Au contraire, à l’instar de la nôtre, la civilisation médiévale se caractérise par une culture de l’image : images littéraires, picturales et architecturales. Les bases en sont bien sûr les Saintes Écritures mais l’héritage antique y est omniprésent. De fait, de ce syncrétisme entre religion officielle et culture païenne ancestrale naît un art nouveau caractérisé surtout par la construction d’églises monumentales.
L’ouvrage nous présente cette civilisation des arts et des lettres pleine de symboles, de signes, de métaphores et de métonymies ; une civilisation qui se questionne sur elle-même et sur son devenir. « Que fait l’Homme sur terre ? » est LA grande question autour de laquelle s’articulent toutes les pensées, toutes les œuvres et productions artistiques et littéraires de la période. Elle se dote d’un esprit qui tantôt aime, tantôt méprise le monde qui l’entoure, reconnaissant un jour les lois de la nature et le lendemain criant au miracle surnaturel, tantôt ascétique, tantôt curieuse, un jour fidèle, le lendemain hérétique.
Finalement Oleg Voskoboynikov dresse le portrait d’une culture de la transcendance qui, au travers de la question du Bien et du Mal s’interroge sur la destinée de l’homme, sur le pouvoir de la Providence et sur la quête du salut des âmes. On constate alors de manière surprenante que le Moyen Age ne se caractérise pas uniquement par l’obscurantisme et l’oppression, mais aussi par une « poésie de la Création » et une liberté des arts médiévaux qui interpelle et fascine les imaginaires et les esprits.