Un coup de coeur de Arnaud
Moine franciscain mort en 1540, Francesco Zorzi est l’un des plus brillants théologiens de son époque. Souvent considéré comme le père de la kabbale chrétienne, imprégné de l’humanisme néoplatonicien de Pic de la Mirandole et de Marcile Ficin, il s’est plongé toute sa vie durant dans les arcanes de l’exégèse hébraïque, pressentant que le recours à l’ésotérisme juif ne pouvait qu’éclairer certaines zones obscures des traditions bibliques et patristiques que la scolastique médiévale n’avait que trop asséchées.
Si Zorzi s’est fait un nom parmi ses contemporains, c’est d’abord parce qu’il s’est retrouvé impliqué dans l’une des grandes affaires diplomatiques de la première moitié du 16 ème siècle. En 1529, le roi d’Angleterre Henri VIII, voulant faire invalider son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser Ann Boleyn, s’est mis en quête des plus grands savants de son époque afin de dénicher celui qui saura apporter au pape les arguments théologiques capables de justifier son divorce. Voilà, en quelques mois, comment l’érudit vénitien est sorti de l’ombre - et de l’enclos de son immense bibliothèque - pour se retrouver imprudemment pris en tenaille entre sa fidélité à l’Eglise catholique et une complicité insoupçonnée a la schismatique naissance de la nouvelle Eglise d’Angleterre.
Passionnant et fascinant, ce récit aux allures de polar politico-théologique nous plonge dans un siècle magnifique dont la vigueur et la nouveauté intellectuelle ne cessent aujourd’hui de nous émerveiller.