Un coup de coeur de Sarah V.
Le personnage principal pourrait être d'ailleurs cet intérieur japonais si propre, soigné et fait de petits objets du quotidien.
Son locataire Monsieur Shimura est un cinquantenaire qui aime « cultiver des habitudes de célibataire qui servent de garde-fou ». Ainsi, chaussons, tatamis, sauce soja, livres et autres tasses de thé sont toujours parfaitement ordonnés et à leur place.
Mais la quiétude du décor va être vite froissée, lorsqu'un jour en rentrant de son travail, Monsieur Shimura constate avec sa règle millimétrée que le niveau du jus de fruit a étrangement baissé. Un grand mystère donc et un chamboulement pour cet introverti, dont les seuls témoins sont toujours les silencieux chaussons, tatamis, sauce soja, livres et tasses de thé toujours parfaitement ordonnés et à leur place.
Le trait naïf et la palette aux couleurs pastel d'Agnès Hostache immiscent alors le bruit sourd d'une présence. Cette attention portée aux infimes petits détails anodins qui nous définissent se retrouvent d'ailleurs dans ses précédents travaux d'illustration à la gouache ou l'acrylique (à voir ici).
En adaptant avec délicatesse le roman d'Eric Faye, l'illustratrice retient les mots dans l'épure et appuie les silences des objets pour nous conter une histoire inspirée de ces gens que l'on nomme les évaporés du Japon.
Car chaque année, plus de 100.000 Japonais disparaissent sans laisser de traces…
Avis donc aux amoureux de Chiisakobe et La cantine de minuit, la maison d'édition Le Lézard Noir nous livre une nouvelle pépite pour cette rentrée. Une grande maîtrise esthétique et narrative pour cette première création d'Agnès Hostache.