Un coup de coeur de Arnaud
C’est d’abord le christianisme qui, mis à mal par le rationalisme des Lumières et une Révolution Française anti-cléricale, va peu à peu se reconstruire. Le catholicisme fait peau neuve : il devient social avec Charles de Montalembert, ultramontaniste avec l’ »Infaillibilité pontifical », marial avec l’ «Immaculée conception». Des personnalité hors-normes émergent: Jean Reynaud, le «théologien démocrate» ou le très mystique Charles Gay.
Ce siècle est aussi un formidable laboratoire de nouvelles expériences du sacré. L’engouement pour les religions orientales, particulièrement le bouddhisme, atteint son apogée dans les années 1850 avec à sa tête le linguiste Eugène Burnouf. Ce milieu de siècle voit aussi émerger une nouvelle mode pour le spiritisme, qui fera rapidement et frénétiquement tourner les tables dans les salons parisiens. L’auteur consacre quelques belles pages, notamment, aux séances de Jersey, initiées en 1853 par Victor Hugo dans l’espoir d’entrer en contact avec sa fille défunte.
Ainsi, ce «monde désenchanté» décrit par le sociologue Max Weber va, au fil des décennies, se repeupler d’une multitude de nouvelles pratiques, catholique, hétérodoxes et occultes, et se doter d’un nouvel imaginaire religieux.
Guillaume Cuchet, spécialiste des sociétés religieuses contemporaines, nous entraîne dans une passionnante redécouverte d’une époque en constante effervescence, tenaillée entre troubles politiques et ferveur religieuse. Ce siècle en crise, par ses audaces, mais aussi par ses exubérances, a «inventé» le sentiment religieux de notre époque.