Un coup de coeur de Sophie D.
Ce livre décrit la fascination de l'art pour le crime. Nous sommes dans les années précédant la Révolution française, dans les émeutes de Gordon (les plus importantes de l'histoire de l'Angleterre). William Blake, après avoir rejoint spontanément une foule prête à incendier la ville, se sent euphorique. Les faits semblent confirmer ses sombres visions et idées. Un Edmund Burke effrayé, dont l'auteur tire sa théorie révolutionnaire du «sublime» pour localiser l'origine de la terreur moderne, est contraint de tirer son épée pour s'échapper. Londres est en feu et le chanteur Joe Strummer met sa bande originale. Quelque temps plus tard, le célèbre Thomas de Quincey met en garde contre l'existence de certaines sociétés particulières composées d'«artistes du crime» (Société pour la promotion du meurtre, la suppression de la vertu ou la promotion du vice, entre autres). De là, défilent des mouvements d'avant-garde comme les dadaïstes, les surréalistes et les situationnistes aux côtés de révolutionnaires jacobins, punks, tueurs en série, sociétés secrètes ou sectes apocalyptiques. Ce livre fonctionne comme des passages historiques, des tunnels.
C'est un essai qui plonge le nez dans la sous-culture et l'avant-garde; il nous permet de réflechir à ce qui se passe aujourd'hui. C'est un essai à la lecture enthousiasmante, où se mêlent et s'entremêlent les références littéraires, historiques, culturelles, musicales et artistiques, Quoi de plus jubilatoire que d'aborder un chapitre où se mélangent les Stooges, les Sex Pistols, William Burroughs, De Quincey ou Franck Zappa, L'appendice est à lui seul une invitation au voyage littéraire; et que dire de la partie bande-son où sont notées toutes les références musicales apportées dans la livre, On aurait presque apprécié d'avoir un cd avec les morceaux choisis pour en pimenter la lecture,
Servando Rocha participe depuis vingt ans en Espagne à de nombreux projets artistiques et politiques radicalement contestataires. Il s’occupe de la maison d’édition La Felguera dans laquelle il a publié ses livres : Jours de fureur : contre-culture et lutte armée aux États-Unis (1960-1985) (2004) ou Histoire de l’incendie. Art et révolution dans les temps troublés : de la Commune de Paris à l’avènement du punk (2006).