Selon l'auteur, le christianisme s'est développé dès le départ avec la figure de deux Christs. Le premier, humain, est un prédicateur itinérant qui développe l'image d'un Dieu d'amour et de pardon tandis que le second est celui dont Paul affirme avoir tout appris lors d'une vision. Il explique comment, au fil du temps, l'opposition entre les partisans de ces deux Christs ne cesse de croître. ©Electre 2024

Deux Christs ?

Si le volume 1 du Jardin plein de Sources, L'Évangile retrouvé, est une récriture de l'Évangile, le volume 2 est consacré aux temps apostoliques.

Le titre de l'ouvrage indique l'intuition centrale de l'auteur : dès le départ, le christianisme s'est développé sur un grave malentendu. Il y avait, d'une part, le Christ humain, prédicateur itinérant développant l'image d'un Dieu d'amour et de pardon, d'une ouverture telle qu'il ne pouvait être qu'hostile à tout cléricalisme, et dont les paraboles faisaient le charme des soirées. Mais il y avait aussi le Christ dont Paul affirmait avoir tout appris à l'occasion d'une vision, un Christ n'ayant aucun rapport avec le précédent.

Le livre se déroule à l'image d'une dramaturgie, l'opposition entre les partisans de ces deux Christs ne cessant pas de croître. Extrait : « Mais si, un jour, dans les siècles prochains, le Christ de Paul devait l'emporter vraiment sur le Fils de l'homme ; si comme vient de le dire Sarah, la prophétesse, la grande ombre de son Christ de rachat et de sang, devait voiler complètement la vraie physionomie du Christ Vivant, ce serait la pire des choses, la plus abominable des substitutions, la plus effroyable des duperies. Ce ne serait plus le corps de Jésus qui serait cloué sur la Croix et enseveli dans un sépulcre : ce serait son âme, son enseignement, sa vie, tout ce qui constituait cet être de chair et de sang en qui vivait l'Esprit de Dieu. [...] Et ce serait la fin de l'Évangile du Maître. Oui, la fin de l'Évangile du Christ de la Nouvelle Alliance. Car si les hommes des temps à venir ne sont pas dénués de toute clairvoyance, ils ne tarderont pas à voir que ce Christ de Paul est une pure invention, une création de son esprit. »

Attestation, peut-être, de ce que les Chrétiens peuvent n'avoir ni le même Christ, ni le même Dieu...
Pierre-Yves Ruff.