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L'auteur analyse trois pièces de Corneille qu'il juge allégoriques : Don Sanche fait songer au possible mariage secret de la reine Anne et de Mazarin ; Pertharite évoquerait la révolution d'Angleterre. ©Electre 2024
Gustave Lanson affirmait que «l'histoire est un cours de politique expérimentale». Plus précisément il n'hésitait pas à proclamer que le théâtre de Corneille est à peu près à la France du XVIIe siècle ce que Le Rouge et le Noir et La Comédie humaine sont à la France du XIXe siècle. Ainsi donc on peut décrocher les masques antiques, ou n'y voir que des ornements qui apportent un peu de pompe et de poésie à ce théâtre. Il ne faut d'abord y chercher que des épisodes ou des problèmes de la politique du XVIIe siècle.
C'est l'optique que Georges Couton a adoptée dans son Corneille et la Fronde. Il y analyse Don Sanche, Nicomède et Pertharite. Trois tragédies qu'il juge «allégoriques», qu'on ne peut comprendre à son avis qu'en recourant à des clefs politiques. Don Sanche invite les spectateurs à songer à l'étroite union, au possible mariage secret, de la reine Anne et de Mazarin. Nicomède est une apologie de Monsieur le Prince ; Métrobate et Zénon, les deux agents doubles (ou provocateurs) stipendiés par Arsinoé pour ramener Nicomède à la Cour, évoquent le faux attentat dont Guy Joly se prétendit victime au fort de la Fronde, et Corneille se plaît à nous montrer avec quel art Laodice, telle Mme de Longueville, sait organiser une insurrection. Il n'est pas interdit de penser à la révolution d'Angleterre quand on voit Pertharite, ni de regarder Grimoald comme un autre Cromwell.
Il est certain qu'au temps de la guerre civile le public n'oubliait pas en entrant au théâtre ce qui se passait dans les rues et les palais de Paris. Il connaissait d'ailleurs les arguments des mazarinistes et les arguments des Frondeurs, le recours que l'on pouvait faire au machiavélisme pour justifier ou pour condamner une politique. Ne disons pas qu'en retrouvant des anecdotes particulières dans les grandes pièces historiques, Georges Couton les rétrécit et les éloigne de nous. Il importe au contraire que les clefs soient bien précises. C'est ainsi seulement que peuvent s'apprécier l'art et la philosophie de Corneille.
Alain Niderst
Paru le : 07/10/2009
Thématique : Auteurs - Critique littéraire
Auteur(s) : Auteur : Georges Couton
Éditeur(s) :
Eurédit
Collection(s) : Théâtre du monde entier
Contributeur(s) : Editeur scientifique (ou intellectuel) : José Sanchez - Préfacier : Alain Niderst
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-84830-118-1
EAN13 : 9782848301181
Reliure : Broché
Pages : 182
Hauteur: 21.0 cm / Largeur 14.0 cm
Poids: 0 g