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Prenant appui sur l'ouvrage Le miracle secret de Borges, cette réflexion sur l'oeuvre L'instant de ma mort de M. Blanchot, partant d'un fragment de sa vie, du moment où il faillit être fusillé par les nazis en 1944 jusqu'au moment de sa mort en 2003, met en avant le temps suspendu et l'importance philosophique du témoignage. ©Electre 2024
Dans « Le miracle secret », Borges imagine la mort étrange d'un écrivain praguois que la Gestapo arrête en mars 1939 et condamne, au seul prétexte qu'il est juif et qu'il a été dénoncé comme tel, à être passé par les armes. La nuit qui précède son exécution, il a rêvé que la voix même de Dieu lui accorde le temps nécessaire pour achever son travail. Le lendemain à l'aube, entre le moment où les soldats du peloton braquent leurs fusils sur lui et celui de la décharge mortelle, le temps de l'« univers physique » est comme suspendu : l'écrivain remanie et accomplit en secret son « oeuvre », à jamais pourtant inachevée.
À la considérer sous l'angle de son ultime « récit » publié, L'Instant de ma mort, et d'un énigmatique fragment « autobiographique » antérieur, « (Une scène primitive ?) », on est peut-être en droit d'estimer que le conte de Borges emblématise assez bien l'oeuvre « désoeuvrée » de Blanchot, tout entière écrite ou réécrite, achevée inachevable, dans le temps incommensurable qui sépare le 20 juillet 1944, date à laquelle il faillit être fusillé par les nazis (ou telle journée de l'hiver 1914 ou 1915, qui fut celle d'une extase enfantine), et la mort désormais survenue le 20 février 2003 : le temps atemporel de l'agonie native et de la mort immémoriale, « impossible nécessaire », qui aura autorisé la dernière méditation de celui qui avait interrogé sans relâche la Littérature ou l'Écriture dans sa possibilité même.
Ce livre tente de proposer une lecture de ces deux textes. Plus exactement, il les interroge pour mettre à l'épreuve ce qui, à travers la hantise du « mourir », s'est joué quant aux catégories majeures de la fiction et du mythe, du testimonial et du testamentaire, de l'aveu et du secret, de la non-présence à soi et du retrait, de l'autre (éthique) et de l'être-ensemble (politique), etc. Mais surtout quant à ce qu'il faut bien se résoudre à nommer l'écriture posthume de Blanchot.
Paru le : 13/10/2011
Thématique : Auteurs - Critique littéraire
Auteur(s) : Auteur : Philippe Lacoue-Labarthe
Éditeur(s) :
Galilée
Collection(s) : La philosophie en effet
Contributeur(s) : Editeur scientifique (ou intellectuel) : Aristide Bianchi - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Leonid Kharlamov
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7186-0850-1
EAN13 : 9782718608501
Reliure : Broché
Pages : 161
Hauteur: 22.0 cm / Largeur 14.0 cm
Épaisseur: 1.8 cm
Poids: 258 g