Carnets de voyages effectués dans les années 1530 par l'humaniste, de Malines à Bourges et de Bruxelles en Aragon. Ces récits, dont un est attribué au frère aîné de Jean Second, témoignent des conditions de voyage et de l'existence d'une république des lettres en Europe au début du XVIe siècle. Avec douze missives adressées à ses frères, à ses amis et à Jean Dantiszek, son mentor en poésie. ©Electre 2024

Jean Second n'est l'auteur que de deux des trois Itineraria qui constituent le tome V de ses OEuvres complètes : le premier qui narre le voyage de Malines à Bourges, du 4 au 19 mars 1532, pour aller suivre l'enseignement du grand juriste italien André Alciat, et le troisième qui retrace le périple, long et difficile, de Bruxelles en Aragon, à travers les Flandres, la France et l'Espagne, durant près d'un mois et demi (du 28 mai au 12 juillet 1533) et permettra à notre poète de devenir secrétaire de l'archevêque de Tolède, puis de Charles Quint en personne. Quant au deuxième de ces Itineraria, relatant le retour de Bourges à Malines du 4 au 16 mars 1533, il est ici prouvé qu'il est l'oeuvre de son frère aîné qui l'accompagnait. En outre, sont publiés pour la première fois, les manuscrits des deux premiers, documents sur lesquels nous nous sommes appuyés pour établir le texte.

Ces Carnets de voyage constituent un précieux témoignage sur les conditions matérielles du voyage en ce début du XVI^e siècle (itinéraires, état des routes, allure, hébergement, dangers, etc.) et sur l'existence d'une res publica litterarum, véritable réseau d'humanistes itinérants, qui sillonnent l'Europe d'une université à l'autre pour parfaire leur formation. Ils dessinent aussi le portrait intellectuel, psychologique et affectif d'un jeune homme à la personnalité complexe et multiple, tantôt enthousiaste des idées humanistes, tantôt naïf ou chauvin, tantôt en proie à une fascination pour la mort contrebalancée par une célébration festive et jubilatoire de l'instinct de vie. Dernier intérêt, ils sont le seul texte en prose que nous connaissions de Second, avec sa correspondance personnelle comptant douze missives adressées à ses frères, Éverard surtout, à ses amis Pierre Leclerc et Jean Schorel et à son mentor en poésie, Jean Dantiszek.