Un coup de coeur de Jean-Baptiste G.
Jacques Lacarrière récite un chant en l'honneur d'une terre farouche qui ne saurait lui appartenir, qu'il arpente et qu'il finit par connaître par cœur. Qui de mieux qu'un libertaire athée pour nous parler du mysticisme orthodoxe du mont Athos et de ces moines oscillants entre sagesse séculaire et superstition décadente ? Qui de mieux qu'un pacifiste convaincu pour narrer les exploits guerriers des implacables pallikares crétois contre l'occupant turc ? Qui de mieux qu'un féru de lettres classiques aux prononciations erasmiennes pour comprendre et aimer le langage doux, chuintant et flûté de la Grèce des kleftika et des rébétika?
Historien sans le vouloir, anthropologue sans l'être, l'auteur nous transporte au sein des vestiges de la Grèce des cités, ressuscite l'espace d'un instant le faste byzantin, nous initie à l'art et à la culture d'un peuple héritier de la synthèse de l'Orient et de l'Occident amorcée par Alexandre le Grand.
De l'Attique à la Crète, de l'Arcadie au mont Athos, Jacques Lacarrière ramène dans son sac les esquisses d'un monde fait d'une myriade d'odeurs et de couleurs, de paysages ici marins et aériens, là-bas arides et rocailleux et signe ainsi l'une des plus belles déclarations d'amour qu’un homme ait pu faire à la belle Hélade.