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Le pouvoir des mots : politique du performatif

Auteur : Judith Butler


Un coup de coeur de Mollat

Que signifie être blessé par le langage ?
L'injure est-elle blessante en soi, ou en vertu de l'intentionnalité de son locuteur ? Qu'est-ce qui fait que nous sommes atteints par les actes de langage comme si nous étions victimes d'une violence physique ? Sommes-nous vulnérables parce que les actes du langage nous constituent et dans la mesure où nous sommes des êtres de langage ? C'est à ces questions que Judith Butler se propose de répondre dans Le pouvoir des mots, Politique du performatif(Excitable speech, A politics of the performative).

Notons avant toute chose que les références au texte en langue américaine permettront au lecteur d'apprécier la polysémie des concepts et expressions courantes, et de dégager la force de l'analyse de Butler. On donnera l'exemple de l'expression to be called a name qui peut signifier d'une part recevoir un nom, et d'autre part être insulté, ce que littéralement on traduirait par "être traité de".
Butler dégage des distinctions linguistiques à l'intérieur des actes performatifs de langage, distinctions qui explicitent le glissement de l'injure à la menace, et par là même du langage au corps. On comprend alors mieux la blessure linguistique et son analogie avec la blessure du corps. L'importance de cette analyse est capitale, parce qu'elle permet de déceler la vulnérabilité du langage, et parce qu'elle ouvre la possibilité d'une politique du langage, d'un renversement de pouvoir, d'une re-signification des mots. Citons pour exemple les mots queer ou nigger, mots injurieux que se sont réappropriés les communautés noires et homosexuelles.

C'est au travers de sources diverses, Austin, Althusser, Derrida, Bourdieu, (ce que François Cusset appelle les "french theory") que Butler fonde son analyse et sa politique du performatif. Car l'enjeu est bien politique : contre la tentation d'un recours à la censure d'état, autrement dit à une police du langage pour réglementer les violences verbales, Butler réaffirme la liberté souveraine de l'individu : Détourner la force du langage injurieux pour contrer son fonctionnement, c'est adopter une stratégie qui refuse, d'une part, la solution représentée par la censure d'Etat, et d'autre part, l'impossible retour à une conception de la liberté souveraine de l'individu. [...] Le sujet reçoit un nom, mais "qui" il est dépend autant des nom dont il n'est jamais appelé : les possibilités de vie linguistique sont à la fois inaugurées et forcloses par ce nom.[...] La re-signification du discours requiert que l'on ouvre de nouveaux contextes, que l'on parle sur des modes qui n'ont jamais encore été légitimés, et que l'on produise par conséquent des formes nouvelles et futures de légitimation.(p. 78-79).

Ce livre interpellera le lecteur français bien que Butler aborde la question dans le contexte étatsunien ; est-il en effet utile de rappeler les récents événements homophobes dans notre pays ?

Judith Butler enseigne à l'Université de Berkeley en Californie. Elle est l'auteur de Trouble gender,(ouvrage qui inaugure sa participation et son engagement dans les queer studies), de La vie psychique du pouvoir chez Léo Scheer, et d'Antigone, La parenté entre la vie et la mort chez Epel.
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Résumé

Analyse les récents débats sur la pornographie, sur la violence verbale dirigée contre les minorités et sur l'interdiction faite aux homosexuels membres de l'armée américaine de se déclarer comme tels. Tente d'établir l'ambivalence des discours homophobes, sexistes ou racistes : destructeurs, ils peuvent également être retournés afin d'ouvrir un espace de reconnaissance. ©Electre 2024

Dans Le pouvoir des mots, Judith Butler analyse les récents débats, souvent passionnés, sur la violence verbale dirigée contre les minorités, sur la pornographie et sur l'interdiction faite aux homosexuels membres de l'armée américaine de se déclarer tels. Il s'agit pour elle de montrer le danger qu'il y a à confier à l'État le soin de définir le champ du dicible et de l'indible. Dans un dialogue critique avec J.L. Austin, le fondateur de la théorie du discours performatif, mais aussi avec Sigmund Freud, Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida et Catharine MacKinnon, elle s'efforce d'établir l'ambivalence de la violence verbale (du hate speech) et des discours homophobes, sexistes ou racistes : s'ils peuvent briser les personnes auxquelles ils sont adressés, ils peuvent aussi être retournés et ouvrir l'espace d'une lutte politique et d'une subversion des identités.

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Fiche Technique

Paru le : 15/05/2004

Thématique : Textes des Philosophes

Auteur(s) : Auteur : Judith Butler

Éditeur(s) : Amsterdam

Collection(s) : Non précisé.

Contributeur(s) : Traducteur : Charlotte Nordmann

Série(s) : Non précisé.

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782915547030

Reliure : Broché

Pages : 287

Hauteur: 19.0 cm / Largeur 14.0 cm


Épaisseur: 2.0 cm

Poids: 326 g