Une évocation de l'art du costume dans l'univers de la tauromachie. Son histoire est tout d'abord évoquée, depuis les premiers toreros jusqu'aux figures contemporaines (L.F. Espla, J. Bautista, S. Castelle ou C. Jimenez), ainsi que l'influence orientale, puis les techniques des différents ateliers de Madrid où se perpétue ce rituel séculaire. ©Electre 2024

Traje de Luces. Costume de lumières

Musée des Cultures Taurines, Ville de Nîmes

L'habit de lumières est costume de scène et seconde peau, à la fois masque au baroque protecteur et tenue intime du combat, de la liturgie, du défi artistique. A lui seul, il est l'oriflamme de la tauromachie, piège à lumières et piège à rêves et face à la robe noire et nue, d'une sobriété effrayante, du taureau, l'habit de l'homme seul en rajoute dans le raffinement, l'arabesque cousue d'or, la passementerie orientaliste, la canetille alambiquée ou les motifs fleuris par brassées. Ce n'est pas un hasard. Ce n'est pas innocent. Et dans cette évocation largement illustrée de l'étrange et sublime habit indémodable, on renoue les fils d'or et de soie de l'histoire, depuis l'aube des premiers toreros descendus de cheval jusqu'aux témoignages des artistes de ce temps (Luis Francisco Espla, Juan Bautista, Sébastien Castella, César Jimenez), jusqu'aux secrets et codes virtuoses des créateurs et petites mains des grands ateliers de (haute) couture de Madrid où se perpétue le rituel séculaire. L'art du textile, ici, a quelque chose à voir avec le sacré.

El traje de luces es traje de escena y segunda piel, a la vez máscara al barroco protector y vestidura íntima de la lidia, de la liturgia, del desafío artístico. Por si solo, es la oriflama de la tauromaquia, trampa para luces y trampa para sueños y frente a la capa negra y desnuda, espantosamente sobria, del toro, el vestido del hombre solo agrega algo mas de refinamiento, de arabesco cosido de oro, de pasamanería orientalista, de canutillo alambicado o de dibujos floridos por doquier. No es casualidad. No es en balde. Y en esta evocación harto ilustrada de lo extraño y lo sublime de este vestido nunca pasado de moda, reanudamos los hilos de oro y seda de la historia, desde los primeros toreros de a caballo que pusieron pie en tierra hasta los testimonios de los artistas de estos tiempos (Luis Francisco Esplá, Juan Bautista, Sebastián Castella, César Jiménez, Marc Serrano), hasta los secretos y códigos virtuosos de los creadores y modistillas de los famosos talleres de (alta) costura de Madrid donde se perpetua el rito secular. El arte del textil tiene aquí que ver con lo sagrado.