Dans un esprit proche du feuilleton, mais d’un feuilleton au comique acide où se dérèglent finement les épisodes et les rouages narratifs, *Révolution* raconte l’épopée insurrectionnelle bancale d’un groupe d’amis à Paris, jeunes bourgeois en apparence inoffensifs, plus doués pour les cocktails d’alcool et de psychotropes que pour les Molotov. ©Electre 2024

Je ne vais pas mentir. En écrivant cette épopée loufoque, j’avais décidé de me moquer. Je voulais rire, en posant un regard sarcastique et méprisant sur ce groupe d’individus que nous connaissons tous, cette jeune bourgeoisie contemporaine, branchée et bavarde, qui à aucun moment ne trouve incongru de crier contre l’oppression capitaliste tout en courant les boutiques à la recherche du dernier vêtement à la mode. Et puis lentement, tout en faisant agir et parler ces révolutionnaires du dimanche, l’énergique Jean-Christian et ses acolytes, je me suis aperçu qu’il m’était impossible d’en faire de parfaits idiots. Avec une certaine appréhension, je prenais même conscience que les questions qu’ils se posaient, et les actions qu’ils entreprenaient, censément stupides, écrites pour l’être, rejoignaient étrangement mes propres interrogations. Petit à petit, je réalisais avec horreur que le vrai réactionnaire, c’était moi, l’auteur, balayant d’une bonne blague la colère de mes personnages. Et alors je me suis mis à les aimer, mes révolutionnaires. Parce que malgré leur mode de vie, subitement, eux s’élevaient. Ils refusaient l’inertie et se lançaient tête baissée, avec ridicule mais une profonde sincérité, dans la grande aventure insurrectionnelle. Parce qu’au fond, je me disais, si eux ne le font pas, qui le fera? Moi? Vous? — G. C.