Dans le livre de Michelle Perrot, quelques portraits de chambres
défilent – une dizaine – saisies dans leurs dimensions historiques : la
chambre du Roi (Louis XIV à Versailles), la chambre d'hôtel, du garni
au Palace, la chambre commune, la chambre conjugale, la chambre
d'enfant, celle de la jeune fille, celle des domestiques, ou encore celle du
malade et du mourant ; et les diverses formes de chambres solitaires : la
cellule du religieux, celle de la prison ; la chambre de l'étudiant, celle de
l'écrivain.
Bien des chemins mènent à la chambre : le repos, le sommeil, la
naissance, l'amour, la maladie, la méditation, Dieu, le sexe, la lecture,
l'écriture, la quête de soi, la réclusion, voulue ou subie, la maladie, la
mort. De l'accouchement à l'agonie, elle est le théâtre de l'existence, ou
du moins ses coulisses, celles où, le masque dépouillé, le corps dévêtu,
nu, las, désirant, s'abandonne aux émotions, aux chagrins, à la volupté.
On y passe près de la moitié de sa vie, la plus charnelle, la plus assoupie,
la plus nocturne, celle de l'insomnie, des pensées vagabondes, du rêve,
fenêtre sur l'inconscient (sinon sur l'au-delà) ; et ce clair-obscur renforce
son attrait.
Ce livre est une contribution à l'histoire des Chambres. Nuit et jour.
Michelle Perrot, professeure émérite des Universités. Dans une oeuvre
importante, notons : co-directrice avec Georges Duby de l' Histoire des
femmes en Occident, Paris, Plon, 5 volumes, 1991-1992 ; Mon histoire
des femmes, Seuil, 2006.
Photo : © Ulf Andersen