Un coup de coeur de Mollat
Elle est la première femme médecin de la faculté de Vienne et la première candidate devenue membre de la Société psychanalytique de Vienne. Les célèbres Minutes qui rendaient compte des réunions du mercredi font état de sa présence en 1910. Françoise Wilder reproduit dans son récit une partie de la conférence du 11 janvier 1911 que Margarethe H. donne autour de l'amour maternel.
Très peu d'éléments sur la vie de M. H. nous sont parvenus. Le récit que nous lisons est le fruit de plusieurs années de recherche et est fondé notamment sur une biographie allemande. Il s'agit donc ici d'évoquer voire d'imaginer parfois. À partir de faits connus bien sûr, mais aussi à partir de constructions à l'instar d'un Pierre Michon avec Rimbaud.
Née dans une famille cultivée autrichienne, juive, Margarethe Hilferding obtient sa Matura (équivalent de l'époque du baccalauréat mais très peu accessible aux filles alors), se dirige ensuite vers des études d'institutrice puisque c'est alors la seule formation ouverte aux filles puis suivra des études de médecine réservées aux hommes… Elle fera donc partie du groupe viennois mais le quittera. Elle s'engage également dans une vie militante, engagée politiquement et socialement (pour l'avortement, émancipation sexuelle). A partir de 1934 elle perdra peu à peu, parce que juive, son droit d'exercer sa fonction et en 1942 elle est déportée à Theresienstadt puis à Treblinka, où elle mourra.
Actrice d'une histoire sociale et intellectuelle mouvementée et de la longue et difficile lutte des femmes de la première moitié du XXème siècle, Margareth H nous rend témoins de cette époque et de ces combats.
Faire revivre cette figure féminine, c'est aussi ne pas oublier une force, un engagement dans une époque en pleine ébullition intellectuelle.