Loin dans le futur, l’humanité est parvenue à trouver une ressource minérale précieuse dans les sous sols de la Lune. Les employés de la mine sont motivés par une paie plus que gracieuse et les plaisirs simples que peut offrir les différents quartiers lunaires. Mais un jour, lors d’une simple sortie de contrôle du matériel, deux mineurs découvrent l’impensable : un corps crucifié et affreusement mutilé laissé à l’extérieur de la station. Premier meurtre ressencé dans l’histoire de la station spatiale, les dirigeants de la compagnie sont inquiété par cette nouvelle donnée. Alors que l’enquête avance peu à peu faute de moyens, un autre corps est retrouvé cette fois-ci décapité. Benjamin, le chef de la sécurité décide d’enquêter et découvre une sombre machination s’amorçant derrière ces meurtres sordides…
Avec Blood Moon, Bones s’attaque au registre de l’horreur spatiale, que les fans de cinéma de genre affectionne tout particulièrement. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le paris est réussi haut la main.
Le scénario de ce Blood Moon rend hommage à plusieurs grandes œuvres de science-fiction contemporaine, parmi lesquelles nous pourrions citer Event Horizon, Dead Space, The Callisto Protocol ou encore Alien. Sanglant, vulgaire, énigmatique, sale et inquiétant, le récit emprunte la piste des rituels sectaires comme principal fil rouge et à le luxe de ne pas se perdre en péripéties superflues. L’enquête et les rebondissements avancent à cent à l’heure et ne laissent aucun répit aux lecteurs désireux de savoir ce qui se cache derrière ces meurtres rituels.
Graphiquement, l’auteur propose un trait dur et épais qui accompagne parfaitement l’ambiance poisseuse, claustrophobe et violente du récit.
Blood Moon est une excellente pioche pour tous les fans d’horreur et de survival spatial souhaitant se replonger dans les grandes heures de ce genre pourtant si difficile à maîtriser. Un excellent cru de début d’année !
Nick est un jeune homme sans histoire. Mais il a un problème, les relations humaines sont très complexes pour lui, il n’y arrive pas et n’y voit pas l'intérêt.
D’échanges timides et maladroits, en rencontres gênantes et pesantes, Nick va rencontrer une jeune femme qui le poussera peu à peu à s’ouvrir à l’autre.
Mais que serait la vie sans une famille ? Notre personnage principal oscille entre relation froide et distanciée avec sa sœur, et relation impersonnelle avec sa mère lorsqu’il vient l’aider à peindre et poncer les murs de son appartement.
Tout est compliqué et un drame va venir encore plus lier les nœuds de la vie de Nick.
Comédie dramatique sociale et juste, Au-dedans est une petite perle sortie des publications indépendantes.
Will McPhail va au-delà du postulat simpliste du protagoniste asocial qui aimerait sortir de son apathie. Avec le personnage de Nick, l’auteur explore l’un des plus grands fléaux de notre époque : la solitude et la complexité à créer du lien.
L’attachement au personnage de Nick est un des plus marquants et touchants qui est été écrit dans la bande dessinée moderne. N’importe qui pourrait, au détour d’une case, s’identifier à ce jeune homme un peu perdu qui se laisse aller au gré des méandres de la vie. Le thème est dur, mais l’auteur ancre son récit dans un réalisme et un quotidien tantôt chaleureux, tantôt triste et parfois drôle qui nous fait dire : c’est ce qu’est la vie, ni plus, ni moins.
Le dessin de McPhail, très expressif et très dur dans le trait, nous met aux côtés de Nick, dans son quotidien, vivant ses déboires, ses interrogations et ses tâtonnements. Entièrement en noir et blanc, le récit utilise à de rares occasions la couleur lorsque le protagoniste commence à deviner et à ressentir les contours d’une émotion, le plongeant dans une sorte d’abîme métaphysique le submergeant d’émotions nouvelles.
“Au-dedans” est un drame comme on en voit peu, qu’on ressent, qu’on vit et qu’on aime.
Shawn Thacker se réveille comme tout les matins entouré de sa femme et de son fils. Chef d’une famille heureuse et fusionnelle, Shawn dissimule quelque chose… Dans le sous-sol de la maison, un homme est retenu captif. Enchaîné, l’homme semble connaître Thacker. Les deux échangent longuement sur la nécessité de ne pas s’entretuer. Pourquoi ?
Alors que Shawn est appelé en ville, il revient quelques heures plus tard pour découvrir l’impensable : le captif s’est libéré et à froidement assassiné son fils. Les masques tombent et Thacker se met en tête de traquer sa némésis à travers le temps. En effet, notre protagoniste est un agent d’une organisation établie très loin dans le futur et suite à une longue poursuite à travers la ville, son ennemi a activé une machine capable de prouesse temporelle. Les deux sont alors marqués par une étrange habileté : à chaque fois que l’un d’entre eux assassine quelqu’un, il est immédiatement téléporté dans l’espace et le temps à une date et à un endroit aléatoire. C’est le début d’une longue chasse pour Shawn Thacker, celle pour trouver le meurtrier de son fils mais également une mission de la dernière chance pour stopper cette machine infernale !
Le dessinateur de génie Lee Bermejo s’associe au non moins incroyable scénariste Mattson Tomlin (ayant déjà signé le chef d’oeuvre Batman : Imposter mais également le script de The Batman aux côtés de Matt Reeves et Peter Craig) pour nous proposer une chasse à travers le temps des plus grandioses.
Le scénario, de ce qui sera une trilogie, est un digne héritier des plus grandes œuvres de science fiction qui sillonnent notre imaginaire collectif depuis bon nombre d’années. De The Terminator, en passant par Source Code et Edge of tomorrow, Mattson Tomlin pose les bases de sa vision du voyage temporel et y implémentant ici et là les lignes directrices d’un récit de vengeance hard boiled et noir comme ce que nous pourrions trouver dans J’ai rencontré le diable. Avec un principe simple et des protagonistes très manichéens (sans que cela ne soit un défaut dans la narration), Tomlin nous happe dans une traque sans concessions pleine d’action, de mystère, de questions et de réflexion.
Et que serait l’inventif scénario de Mattson Tomlin sans un dessinateur chevronné du succès de ses adaptation de l’homme chauve souris de Gotham ? Lee Bermejo illustre avec grande force le récit tout en jouant avec son trait hyperréaliste. Les visages, postures et expressions sont d’une beauté glaçante et dure, les décors sont étudiés et réalisés avec une minutie maladive et comble de l’émerveillement, l’artiste italien se permet de faire varier son style lorsque nos héros arrivent dans une nouvelle dimension.