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L'Asie centrale et la Chine dans les mangas

Une actualité de Libraires BD - Manga
Publié le 17/04/2024
Si vous êtes un amateur de mangas et souhaitez dépasser les frontières du Japon pour vous rendre en Chine et en Asie Centrale, voici une petite sélection.

L’une des références les plus plébiscitées de ces derniers mois, et à raison, est Les Carnets de l’Apothicaire. Adaptation des romans éponymes de Natsu Hyuuga, cette œuvre nous plonge dans une Chine impériale romancée. Mao Mao est une jeune fille vivant depuis toujours près du danger. Élevée par un père adoptif apothicaire dans la partie pauvre de la capitale et au quartier des plaisirs, elle est formée à préparer des remèdes, reconnaître la flore et même résister aux poisons. Tandis qu’elle se retrouve servante d’une des concubines de l’Empereur après avoir été enlevée et vendue au palais impérial, elle préfère se fondre dans la masse et cacher ses connaissances. Mais les nombreux faits divers, et complots se tramant à la cour vont réveiller sa passion pour les enquêtes. Seul Jinshi, haut fonctionnaire à la beauté incomparable, va déceler cette face de Mao Mao, et l’employer discrètement pour l’aider à résoudre ces affaires. Un petit chef-d’œuvre au style enchanteur, avec des personnages hauts en couleurs, qui nous plonge dans les machinations politiques et les mesquineries du palais.

 

D’autres références permettent d'apprécier plus simplement les coutumes et paysages d’Asie Centrale. Bride Stories par exemple, nous invite à plonger dans la culture riche et envoûtante des peuples des steppes du XIXème siècle,  au plus près des personnages et de leurs traditions. Nous suivons Amir, 20 ans, qui étant la fille du chef d’un clan nomade, se voit mariée au fils d’un clan voisin -lui sédentaire- Karluk, un jeune homme 8 ans plus jeune qu’elle… Excellente cavalière et chasseuse, et loin du cliché de la jeune mariée enfermée, Amir ne s’apitoie pas sur son sort pour autant mais est bien décidée à s’intégrer comme il se doit chez sa nouvelle famille. Tandis que nous est peint le quotidien fastidieux mais chaleureux du clan, la famille d’Amir revient sur sa décision et décide d’annuler le mariage pour en arranger un autre plus avantageux, auprès d’un homme peu scrupuleux…

Avec un extraordinaire sens du détail et un intérêt particulier porté sur l’artisanat et les cultures des peuples de la Route de la Soie, Bride Stories nous transporte tant par son trait que par son scénario fin et poétique. 

Peut être comparé à Bride Stories, le très joli Blissful Land, où nous retrouvons un jeune apprenti médecin nommé Khang Zhipa. Tandis qu’il n’est passionné que par la cueillette d’herbes médicinales et la préparation de remèdes, il rencontre la fiancée que ses parents lui ont choisie alors qu’elle commence à partager leur vie de foyer. Avec toujours un très beau sens du détail sur les tenues et l’architecture tibétaine, les paysages de montagne et les plantes et remèdes traditionnels, nous suivons les deux jeunes fiancés qui apprennent à se connaître et à tomber amoureux.  Un manga réconfortant, au rythme tranquille et aux personnages attachants, à découvrir en 5 tomes. 

Si vous souhaitez découvrir des traditions et paysages taïwanais, le très joli Retour Aux Sources offre une histoire au rythme tranquille et une réflexion sur les regrets et le sentiment de foyer, tandis que le nouveau Lettres de Taipei (à retrouver au rayon BD !) nous présente une part sombre de l’histoire chinoise et de ces exilés qui se sont réfugiés à Taïwan


Dans un registre plus fantastique, la série Entre Ciel et Terre de l’auteur-illustrateur ZHAO Golo, à retrouver en trois tomes ou en intégrale, nous permet de plonger dans les mythes et légendes chinois. Du même auteur mais dans un style plus tranche-de-vie, nous pouvons retrouver des œuvres comme La Plus Belle Couleur du Monde et Un Dernier Soir à Pékin


Le petit inclassable de cette liste, c’est Kowloon Generic Romance. Nous nous retrouvons  dans un véritable labyrinthe urbain inspiré de la réelle péninsule Kowloon, où s’entremêlent ruelles, immeubles cages-à-lapin et petits boui-boui. Nous suivons Reiko et Hajime, deux agents immobiliers comme chien et chat, mais indéniablement attirés l’un vers l’autre. Tout basculera dans le quotidien bien rythmé de Reiko quand elle retrouvera une photo d’elle et son collègue où ils semblent… bien plus proches ? Seul problème : elle n’en a absolument aucun souvenir, et Hajime n’y a jamais fait référence. S’ajoute à cela Generic Terra, une nouvelle cité futuriste planant au-dessus de la ville, qui peut-être risquera de remplacer Kowloon ? Un manga hors-catégorie, qui lie romance, mystère, et science-fiction. 


Mais évidemment, les mangas narrant l’histoire de l’Asie Centrale ne se sont pas seulement inspirés de ses paysages grandioses et de ses traditions. Ces territoires allant jusqu’en Inde et Moyen-Orient, ont été la scène de nombreux conflits dont se sont inspirés les mangakas. 


Dans l’excellent Shut Hell, début du XIIIème siècle, les peuples mongols sont en pleine conquête des différents royaumes chinois. Shut Hell “l’esprit vengeur” est le nom donné à une guerrière tangoute, seule survivante de l’attaque de sa ville par l’armée de “l’homme au tigre”, au service de Gengis Khan. Assoiffée de vengeance et dotée d’un pouvoir sanguinaire, elle détruit tout sur son passage et devient une sinistre légende pour les régiments mongols. Elle finira par faire la rencontre d’un jeune mongol se désolidarisant de la guerre menée par son peuple, et ayant un statut très particulier dans cette guerre d’alliances. Le but de ce dernier est pourtant bien loin des bains de sang et autres barbarismes, puisqu’il est de protéger de grandes tablettes de jade qui renferment selon lui ce que l’humanité a de plus précieux, les caractères de la langue tangoute. L’intrigue mêlant réincarnation, batailles et histoire des peuples chinois, nous est dépeinte avec un trait tantôt fin, tantôt charbonneux, des scènes emplies de mystère, et une touche de surnaturel. Pour public averti !

Dans une époque plus moderne, Manchuria Opium Squad nous plonge dans les années 1930, dans la colonie impériale du Mandchoukouo, en Mandchourie. Cette dernière est sous le contrôle du Japon tandis que Isamu Higata, jeune japonais de 18 ans, est envoyé au front par l’armée du Guandong. Après une blessure grave, il se voit rapatrié pour travailler dans le corps agricole volontaire avec sa famille. Quand la peste finit par toucher sa mère qui est son seul parent, Isamu cherche désespérément de l’argent pour pouvoir la soigner. Avec d’excellentes connaissances en botanique et en chimie, il parvient à créer de l’opium de la plus pure qualité à partir du pavot qu’il cultive. La vente de ce dernier s’avère remplie d'embûches tandis qu’il découvre le système de la mafia chinoise : corruption, violence, xénophobie, trahisons, mais aussi des alliances inattendues… Immergés dans ce que certains historiens ont surnommé l’“État-dealer”, les personnages évoluent tant bien que mal tandis que “rien n’a moins de valeur en Mandchourie que la vie humaine”.  Pour public averti !

Nous pouvons bien sûr mentionner le désormais culte Kingdom, et traitant la même période que ce dernier, Bokko Stratège


Petit plus à mentionner, les éditions Glénat adapteront au cours du troisième trimestre 2024, le josei Jaadugar ! Nous est contée l’histoire de Satira, une jeune esclave perse qui après l’invasion de l’Iran par les Mongols, se retrouve au service du quatrième fils de Gengis Khan… 

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