À travers ce récit, Itziar Ziga ne fait pas seulement le portrait d’une mère adorée ; elle met en lumière la folie d’une vie où l’amour, la peur, et la rébellion cohabitent. C’est brut, c’est violent, mais c’est aussi terriblement vivant. Et surtout, c’est l’histoire d’une femme qui finit par écrire sa propre fin aussi lumineuse qu’émancipatrice.
Très vite, l’idée est venue à Marion Muller-Colard de répondre à cette question posée par son fils sous forme de livre. D’abord car il s’agit d’un sujet qu’elle n’a que très peu abordé avec lui mais aussi parce qu’il a tant d’importance pour elle. C’est un sujet dont il y a tant à dire et à penser. L’autrice, théologienne protestante et autrice de nombreux livres sur la religion, était donc la mieux placée pour y répondre.
Croire, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça change ?
L’autrice s’engage à traiter les différentes formes de croyances. La manière de croire est propre à chacun, elle peut apporter du réconfort, de l’apaisement, peut-être aussi de la joie ou de la consolation. Elle accompagne les croyants dans chaque moment de leur vie, elle peut être l’espoir d’un jour meilleur.
“Croire ne change rien à mes grands vertiges. Mais ce que ça change, c’est que ça dessine un après, une terre en vue dans une mer déchaînée. Ça oppose à l’enlisement la possibilité d’une déviation”
Mais elle peut également entraîner des dérives, notamment le complotisme, lorsque “croire” se confond avec “savoir”. Car avant tout, il s’agit de savoir croire. Autant, il est bien compliqué de ne croire en rien mais croire n’est pas non plus chose aisée. Elle suit alors les enseignements de Schopenhauer sur la notion d'étanchéité entre les champs du savoir et du croire, car la foi “est foi parce qu’elle enseigne ce qu’on ne peut savoir. Si l’on pouvait savoir, la foi s’en trouverait inutile et ridicule.
Croire est quelque chose que nous faisons tous, Marion Muller-Colard prend pour exemple l’expérience scientifique : avant d'effectuer une expérience, il faut émettre une hypothèse, il s’agit alors de croire que celle-ci se révèlera bonne, on lance un pari. De ce fait, croire devient alors le “marchepied” du savoir.
La foi est également quelque chose qui se partage et qui se vit avec d’autres. Bien que l’autrice ait gardé sa foi dans le domaine de l’intime, elle ne nie pas le fait que, croire c’est aussi appartenir à quelque chose de plus grand, à quelque chose de rassurant. C’est recevoir l’héritage d’un passé parfois douloureux, pour le transmettre au mieux aux générations futures. C’est suivre la tradition, faire confiance à ces gens qui, comme nous, croient.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est si intéressant de partir à la rencontre de la conception de la foi d’autrui. Marion Muller-Colard nous conte dans son ouvrage sa vision de “croire”, ce qu’elle lui apporte réellement au quotidien. Elle nous partage la part que prend le “croire” dans sa vie, dans un essai doux et intelligent écrit à destination de son fils, lui exprimant ainsi tout l’amour qu’elle lui porte.
En 1990, la sonde Voyager 1 envoyait une photo tout à fait étonnante, celle d’un petit point bleu pâle perdu au milieu de l’espace. Aux confins du système solaire, dans une sorte de dernier adieu, la sonde se retournait et prenait 60 clichés des planètes gravitant autour du Soleil, dont celle de la Terre. “Pale blue dot” telle que l’a appelée l’astronome américain Carl Sagan.
La grande astrobiologiste, directrice du centre Carl Sagan pour l'étude de la vie dans l'Univers au sein du prestigieux SETI Institute, reprend le flambeau de l’astronome américain. Passionnée et passionnante, Nathalie Cabrol expliquait dans ses précédents ouvrages les recherches qu'elle mène pour tenter de découvrir des traces de la vie dans l'espace et notamment sur Mars avec la NASA . A l’aube de nouveaux horizons et L'Énigme cosmique de la vie sont deux livres qui vous émerveillent et vous surprennent à chaque page.
Mais pour appréhender la vie quelle qu’elle soit, faut-il encore savoir comment elle apparaît. Nathalie Cabrol nous rappelle que le passage entre la chimie prébiotique vers la vie reste énigmatique. C’est donc sur Terre que cette scientifique, notamment grande plongeuse dans des conditions extrêmes, cherche les aptitudes d’une planète à être habitable.
L’habitabilité: une notion que nous avons tendance à oublier tant notre Terre est accueillante. Et pourtant, elle ne le fut pas toujours. Reprenant l'évolution de notre planète depuis sa création, Nathalie Cabrol nous rappelle que la vie est résiliente certes mais qu'elle n'épargne pas les êtres vivants. La Terre a connu des tables rases. Pourtant, malgré les signaux qui se multiplient, nos sociétés font la sourde oreille quand il s’agit des mises en garde au sujet du dérèglement climatique actuel. Avons-nous donc oublié que la Terre peut exister sans nous mais que nous ne pouvons guère exister sans elle?
Et quelle est la part de responsabilité de la technologie et plus précisément du technosystème actuel dans notre aveuglement? Qu’est-ce qu’une humanité déconnectée de la nature? Et comment pouvons nous nous reconnecter à notre environnement qui est le seul à pouvoir nous permettre de survivre? La question est d'une actualité brûlante.
Nathalie Cabrol est ce qu’on peut appeler une personne charismatique: elle a cette énergie et cet enthousiasme qui vous donnent l’envie de soulever des montagnes. Elle se tourne donc vers nous après nous avoir fait tourner les yeux vers notre planète si belle, si accueillante, si singulière. Hubert Reeves nous élevait au rang de poussières d’étoiles, Nathalie Cabrol, nous rappelle à son tour que notre destin est inséparable de ce ” monde vivant au cœur d’une larme” .
Madeleine Riffaud fut l’une des grandes reporters françaises du XXème siècle parcourant l’Indochine ou l’Algérie au plus près des conflits. Mais elle est plus connue pour son engagement dans la Résistance grâce notamment à la bande dessinée chez Dupuis Madeleine résistante. Pourtant aux débuts des années 70, cette femme d’exception, grande lectrice de poésie et poétesse à son tour édité par Paul Eluard, militante anti colonialiste avant l’heure, décide de s’immerger dans un grand hôpital parisien. La journaliste souhaite cette fois rendre compte du travail et du dévouement des personnes évoluant au plus près des patients à savoir les infirmier.e.s et les aides soignant.e.s.
“Je ne vous écris plus du bout du monde. Cependant ce voyage en blanc présente quelques similitudes avec ceux dont je viens de parler (...)"
Par l’entremise d’un chef de service, ancien compagnon de la résistance, elle est donc embauchée pour faire le ménage au sein du service de cardiologie. Son journal va alors mettre en lumière le quotidien de tous ces employés des hôpitaux, largement invisibilisés qui sont au contact des patients. Hélène, Simon ou Justine, deviennent les figures de travailleurs en blanc “surexploités” et “sous payés” qui officient dans une forme de conscience professionnelle qui confine au don de soi-même. Le labeur, la fatigue si ce n’est plutôt l'épuisement, le contact avec la souffrance, la solitude, la peur, le désespoir, la mort. Comment faire face à cela quand on est soi-même cloisonné dans une vie précaire. C’est une enquête au “ras de carrelage” comme l’écrit Madeleine Riffaud; enquête qu’elle va poursuivre dans différents hôpitaux publics et privés. Le constat est le même: "je n’avais fait qu’entrevoir une misère immense, cachée derrière quelque réalisation de pointe servant de vitrine et d’alibi".
En lisant cette enquête, on pense forcément au Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou plus anciennement encore au 10 jours dans un asile de la journaliste américaine Nellie Bly, pionnière du reportage “clandestin”. On songe aussi à ces enquêtes d’investigation qui nous ont ouvert les yeux sur la condition des plus vulnérables en France comme les Fossoyeurs de Victor Castanet.
Madeleine Riffaud considérait le témoignage comme un devoir, elle qui avait survécu à la torture. Après avoir couvert bien des conflits à travers le monde, la journaliste résistante tend un miroir à notre société et 50 ans après, le terrifiant reflet est toujours d’actualité.