Un coup de coeur de Libraires
Si elle abordait déjà, dans Zoocities, la présence de plus en plus visible et prégnante d’animaux sauvages dans nos villes, elle combine, dans ce nouvel ouvrage, pragmatisme et philosophie. L’étalement urbain empiétant inexorablement sur le territoire de certaines espèces contraint de plus en plus de ces bêtes sauvages à saisir l’opportunité de se nourrir en ville. Elle prend ainsi en exemple une douzaine d’animaux s'aventurant sur "nos" terres. L’Homme étant sociable mais peu enclin à négocier avec le sauvage qu'il ne comprend finalement qu'assez peu, cette situation nouvelle entraîne des confrontations qui rappelle quelque peu ce dernier à sa finitude. Sauf à être Leonardo Di Caprio dans The Revenant, on se doute facilement que le rapport de force n’est pas en notre faveur dans notre rencontre avec un ours. Mais connaissez-vous le traumatisme que vivent certaines personnes lorsqu’une corneille juge que vous êtes trop près de son nid ? L’attaque en piqué de ces oiseaux de la famille des corbeaux a de quoi vous faire revivre le cauchemar imaginé par Daphné du Maurier et Alfred Hitchcock.
Joëlle Zask nous livre donc, clé en main, la bonne attitude à adopter face à chacune de ces espèces sauvages. La plupart du temps, des notions de self-control vous seront demandées et mieux vaudra compter sur la chance que sur la fuite ou la prière. Mais elle nous invite surtout à tirer une leçon de chacune de ces éventuelles malencontreuses rencontres. De l'aménagement du territoire au tri des déchets en passant par la remise en cause de l'anthropomorphisme et la réduction des inégalités sociales : nombreuses sont les pistes de réflexions explorées.
« La question est (...) de résoudre l'équation à deux variables que sont, d'un côté, le partage nécessaire d'un espace devenu commun et, de l'autre, la réduction maximale des interactions avec eux. »
La principale leçon à retenir est sans doute que l'inévitable coexistence avec le sauvage devra passer par un équilibre à trouver entre biophilie et zoophobie.
C'est un livre à lire et à discuter à l'image de ce coup de cœur fait à quatre mains. Pari donc gagné pour Premier parallèle qui lance avec cet opuscule une collection imaginée comme des « carnets qui passent de poche en poche et que l'on peut griffonner au gré de la lecture. » Longue vie à elle !