Partez pour Longyearbyen, ville la plus au nord du monde, dans ce polar glacial !
Personne ne meurt à Longyearbyen est le troisième roman policier commis par Morgan Audic, après Trop de morts au pays des merveilles (2016) et surtout De bonnes raisons de mourir (2019), à l'intrigue remarquable et très remarquée (par les librairies et la critique) qui mettait en scène la zone interdite de Tchernobyl.
Longyearbyen ? s'est interrogée votre libraire qui, après une enquête géographique, a découvert sur la carte qu'il s'agissait de la ville la plus au nord du monde, située dans l’archipel norvégien du Svalbard, en mer de Barents et dans l’océan Arctique. Direction donc : le grand froid !
Lottie Sandvik, flic à la police du Svalbard, est appelée pour constater un accident sur la banquise : une attaque d’ours. La selle de la motoneige a été complètement lacérée, l’ours était en train de “bouffer le cadavre” quand deux gardiens russes de Pyramiden - la ville minière voisine - arrivés par hasard sur les lieux, ont activé une balise de secours pour donner l’alerte. La victime est une jeune femme, rapidement identifiée grâce à la plaque minéralogique, Agneta Sorensen, 26 ans, étudiante en biologie arctique. Apparemment, elle se trouvait là afin de faire des prélèvements sur un cachalot échoué, au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires dans la région - aucun fusil à ses côtés, ce qui surprend les enquêteurs…
Dans le même temps, à la morgue de l’hôpital de Tromson, sur les îles Lofoten, un homme (Niels Madsen) demande à voir le corps d’Asa Hagen. Elle s’est noyée, l’enquête a conclu à un suicide. Il n'y croit pas. Il l’a aimée, autrefois, ils se sont connus quand tous deux étaient reporters de guerre, il est venu pour comprendre ce qui a pu se passer. Il va mener son enquête, apprendre qu’elle avait changé de vie, qu'elle sortait d'un divorce, qu'elle travaillait sur des échouages de mammifères, pratiquant des nécropsies : “Une des bêtes qu’elle a examinées était mutilée. Ça l'a rendue dingue. Des coups de couteaux, des morceaux découpés. Des trucs dégueulasses. est-ce que ça avait été ça, le déclencheur ? La saloperie de trop qui l’avait conduite au bord du gouffre ?”. Faisait-elle une dépression ?
Le livre est écrit en chapitres alternés, et le lecteur averti de roman policier se doute bien que les deux histoires vont finir par se rejoindre... mais par quelles intersections ? Morgan Audic est malin, et le suspense, efficace et rythmé, a tenu votre libraire en haleine, ainsi que le contexte, passionnant : la vie des habitants, la rudesse du quotidien, la pêche à la baleine, les conflits politiques de la région, en particulier les antagonismes Russes/Norvégiens, d’autant plus accentués depuis la guerre en Ukraine. Dépaysement garanti !