Un coup de coeur de Mollat
Face aux défis du dérèglement climatique, les écologistes convaincus prônent une responsabilisation individuelle, un changement de modèle, voire l'abandon du sacrosaint PIB et une décroissance de la consommation. Mais qu'en est-il des écologistes radicaux, qui ont perdu foi en l'Homme et en sa propension à "se limiter" ?
Paul, un ancien agent des services secrets, va le découvrir peu à peu au fil d'une enquête qui le guidera de la Pologne au Colorado, sur les îles du Cap-Vert ou encore à Rio de Janeiro… Partants du postulat, inavouable mais non moins assumé, que la démographie est LE problème majeur de notre planète, des militants prêts à tout s'organisent pour régler eux-mêmes ce problème, d'une manière aussi ciblée qu'efficace.
Ciblée car selon leur théorie, tous les humains ne sont pas égaux : certains, issus de pays riches et développés, participent à l'émancipation de l'Humanité, à son ascension et aux progrès de la médecine, de la recherche, notamment environnementale ; d'autres, peuplant les pays pauvres, vivent au crochet financier des pays développés, se reproduisent sans compter, s'entassent dans des bidonvilles insalubres, n'ont aucune conscience écologique ni capacité de mettre en place les solutions nécessaires à la survie de notre espèce. Ces derniers sont assurément LE facteur limitant à éliminer pour que les humains continuent de vivre en harmonie avec la Nature.
Efficace, car pour arriver à leurs fins, ces fanatiques ont trouvé une méthode infaillible : introduire une souche modifiée du choléra dans ces pays, où le virus sera d'autant plus meurtrier qu'il sévit essentiellement dans les milieux où l'hygiène est limitée, où l'accès aux soins et besoins vitaux n'est pas assurée.
Ce thriller captivant s'inspire de faits plausibles, à l'heure où scientifiques et environnementalistes s'accordent sur l'urgence de la situation, et le manque inacceptable de réaction des politiques. 750 pages qui s'avalent d'un trait, où Ruffin confirme une fois de plus sa maîtrise de la psychologie humaine et de la langue française …
Maxime de Rostolan pour Ecoloinfo