Un coup de coeur de Libraires jeunesse
Eliza Burlington reçoit un jour la visite inattendue d'une dame venue pour lui demander si elle a en sa possession d'autres poupées du même style que celle-ci. En tant que collectionneuse, elle est intéressée. A ce moment là, elle sort de sa valise Blue Pearl, sa Blue Pearl. La poupée de chiffon que sa maman lui avait confectionné pour ses 10 ans. C'est à dire il y a bien longtemps, dans une autre vie.
A l'instar de la madeleine qui révéla à Marcel (Proust) devenu adulte, ses jeunes années, Blue Pearl ouvre dans l'esprit d'Eliza le livre de ses souvenirs d'enfance. Cette enfance qu'elle vécut comme esclave en étant la propriété de Sir James Burlington. Tout lui revient en mémoire : la propriété au milieu de laquelle trône la maison du maître où sa mère était cuisinière, Laura May, la fille du maître, au caractère changeant. Elle se souvient de la case dans laquelle elle habitait avec sa mère, entourée de celles de leurs compagnons d'infortune dont l'étrange Luther, révolté contre sa condition et relayant les échos abolitionnistes. Elle se rappelle du jour où la rumeur de la guerre entre les états du nord qui souhaitent libérer les esclaves et ceux du sud conservateurs est arrivée jusqu'à eux et où elle a entendu pour la première fois le nom d'Abraham Lincoln ce président libérateur. Elle se remémore le départ à la guerre du maître remplacé par un odieux "casseur de nègres", et tous les événements qui suivent jusqu'à ce moment précis : les retrouvailles avec Blue Pearl la poupée chérie.
On ne peut qu'être touché par l'histoire d'Eliza Burlington qui rejoint l'histoire de milliers d'autres esclaves. Beaucoup n'auront pas eu "la chance" (j'y mets moult guillemets et pincettes) qu'elle a eu. Car Eliza eut malgré tout une vie heureuse. On termine cette lecture à fleur de peau avec l'envie déprendre dans nos bras la petite Eliza et sa Blue Pearl et lui dire "tout ira bien". Un roman fort à lire dès 12 ans.