Un coup de coeur de Quentin
Depuis la création du cinématographe, jusqu’à sa démocratisation et son expansion dans ses jeunes années, l’image cinématographique aura réussi à nous marquer tout un chacun pour des raisons particulières qui nous sont propres.
Selon le long métrage, la photographie, la conception d’un plan, l’imaginaire développé et déployé par un film ont pour résultat de nous marquer. Aujourd’hui il n’est pas rare de deviner un film au vu d’une seule de ces images, d’un fragment de sa pellicule. Blade Runner et son œil nous scrutant dès l’ouverture sur une musique de Vangelis, 2001 : l’odyssée de l’espace et son tapis de course cosmique teinté de couleur “néonisées”, Predator et la révélation de la créature par sa vision thermique ou encore l’introduction de Apocalypse Now avec le visage en transparence du capitaine Willard sur sa chambre d’hôtel.
Iconiques et cultes, ces images sont imprimées dans notre inconscient mais aussi, plus largement, dans une mémoire collective. Cinéphiles ou non l’image a un pouvoir, celui de marquer instantanément notre rétine, notre sensibilité et notre imaginaire.
De plus le cinéma est un art de l’illusion, il est par définition un trucage, une illusion du réel, une représentation (tout comme la célèbre pipe de René Magritte qui n’en n’est pas une). Ce qui en fait également un outil de manipulation du réel grâce à des principes de base comme
la suspension consentie de l’incrédulité, la même suspension qui ne nous fait pas dire qu’une oeuvre comme Star Wars est illogique et stupide. La mise en place crédible et réfléchie d’un univers permet donc de suspendre notre incrédulité face à des situations de cinéma qui nous sembleraient totalement irréelles dans notre réalité contemporaine.
Et une fois de plus c’est par l’image que la tromperie passe, elle nous manipule à sa volonté, même si le scénario est une composante essentielle du travail de crédibilité d’un film, la pellicule nous montre ce qu’elle veut dire. Au cinéma il faut montrer ce que l’on a dire et non le dire, plutôt paradoxal.
Et donc, qu’est ce qui nous marque dans une image au cinéma ?
François Theurel nous l’explique dans Camera Obscura . Grâce à sa sensibilité de cinéphile pointu et amoureux du genre, l’ancien fossoyeur nous plonge dans les coins les plus obscurs de cet art nouveau. De plus le bon vidéaste arrive à établir des liens plutôt justes et inattendus entre magie et cinéma tout en mettant en exergue le côté volatile de l’analyse filmique notamment avec les différents symboles mis en avant par les réalisateurs, les intentions filmiques leurs étant propre ou encore la part d’étrange pouvant être présente au sein d’un film qui, comme l’indique le titre de l’ouvrage, joue avec le principe de la camera obscura pour faire illusion du réel, proche de l’oeil humain, proche de nos sensations et donc proposer de quelque chose de très humain, bien qu’artificiel.
Ce qui nous marque dans une image c’est à quel point cette dernière se rapproche de notre rapport à la réalité : terre à terre, illusoire, fantasque, fantasmagorique, onirique ou hypnotique. Une image, même si nous n’en sommes pas les instigateurs, nous appartient.