Compositrice, musicienne, parolière et interprète, Jeanne Cherhal a plus d'une corde à son arc. Avec À cinq ans, je suis devenue terre à terre, elle fait son entrée sur la scène littéraire.
Dernier né de la collection Le Goût des mots dirigée par Philippe Delerm, l'ouvrage reprend la forme imposée du glossaire amoureux. De "sorcière" à "volcan" en passant par l'incontournable "studio", l'autrice dévoile un rapport singulier, presque synesthésique aux mots. Sous sa plume ceux-ci prennent des couleurs, déploient leur musicalité, ont de la texture et de la saveur. De la vulgaire "gaule" au sublime "horizon", "tout [est] source d'inspiration. Absolument tout. Le glouglou lancinant d'une tuyauterie, une petite boîte en fer, les mains d'une femme dans la farine, un simple caillou, un crabe ou la mort."
Sous la forme de très courts textes, sans jamais se prendre au sérieux (le mot jambonneau s'invite à une veillée funèbre), Jeanne Cherhal convoque au détour de ces mots choisis les êtres qui lui sont chers et qui imprègnent sa langue : la figure révérée d'un Alain Delon, un parrain hydrocéphale prince parmi les enfants, ou encore son loyal "amitour" (mot-valise de son invention qui rend compte d'un indéfectible amour/amitié). Au-delà d'un simple glossaire, À cinq ans, je suis devenue terre à terre est ainsi l'expression joyeuse et tendre d'un véritable goût des autres.