Le capital de sympathie pour Israël diminue au cours des années 1968 à 1972 avec les représailles israéliennes, la prise de conscience du problème palestinien, l'engagement d'intellectuels. L'historienne présente les courants de l'opinion française sur le conflit israélo-palestinien, leur évolution, les discours autour desquels ils s'articulent et les ressorts qui motivent leurs attitudes. ©Electre 2024

Depuis 1947 et plus encore 1967, Israël et le conflit israélo-arabe ont suscité en France des réactions passionnelles. Il est l'un des rares conflits à avoir autant mobilisé et déchiré l'opinion. Points de vue, tracts, pétitions, manifestations se sont succédé par le biais desquels l'opinion a exprimé son attachement ou son antipathie pour Israël, son soutien ou sa désapprobation. Selon une idée communément admise, l'image de ce pays se serait sensiblement modifiée et son capital de sympathie dégradé immédiatement après la guerre des Six Jours. En réalité, ce phénomène n'est pas né après la Troisième Guerre israélo-arabe mais plutôt durant les années 1968 à 1972. Les représailles israéliennes, la pression des pouvoirs publics, la lente prise de conscience du problème palestinien et l'engagement des milieux intellectuels - notamment ceux orientés à gauche à la recherche d'un exutoire depuis la Guerre d'Algérie - ont abouti à la remise en cause de ses mythes fondateurs et à une nouvelle appréhension des événements au Proche-Orient. Faut-il pour autant en conclure que les Français n'ont d'Israël qu'une image exclusivement négative ? Et ce phénomène doit-il être étendu à l'ensemble de la société ou limité à certains courants de l'opinion, minoritaires mais actifs ? Au-delà des affirmations stéréotypées et fallacieuses, cette étude cherche à présenter les différents courants de l'opinion sur la question du conflit israélo-arabe/palestinien, leur évolution, les discours autour desquels ils s'articulent et les ressorts qui motivent leurs attitudes.