Un coup de coeur de Mollat
Oklahoma, avril 1935. Samuel Wilson mène une petite vie misérable à l'ombre des regards. Il s'en est passé, des choses, depuis que sa femme Sally et leur fils de douze ans, Dick, se sont enfuis de al ferme sans demander leur reste, épuisés par ses innombrables accès de violence. Aujourd'hui, il vit avec Annie Mae, la fille de voisins qui ont depuis longtemps déserté, et leur fille Maggie. Si le bonheur manque certes à l'appel pour ces deux êtres – le coeur de Samuel Wilson est toujours aussi aride que les terres agricoles sur lesquelles il s'épuise – un équilibre a néanmoins été trouvé. Jusqu'au jour où Dick Wilson fait apparition sur les lieux de son enfance après quinze ans d'absence. Lui qui était déjà fermement décidé à en découdre avec son père, la situation familiale dans laquelle il trouve ce dernier vient se rajouter à la liste des griefs qui ont fermenté pendant toutes ces années.
Sur fond de Grande Dépression, de bootlegging et de Dust Bowl, ces nuages de poussière qui ont causé la perte de quantité d'agriculteurs des Grandes Plaines dans les années 1930, La terre des Wilson est un roman du retour magnifique qui n'est pas sans évoquer Les raisins de la colère de John Steinbeck. Peut-être lui trouvera-t-on aussi quelques accents faulkériens.
Quoi qu'il en soit, l'écriture ciselée de Lionel Salaün est décidément un délice. Il possède assurément ce don propre au véritable romancier qui consiste à nous plonger dans un univers romanesque – de préférence aux États-Unis – au moyen de personnages solidement campés et de descriptions très visuelles. Tant et si bien qu'on en viendrait presque à regretter que ce roman ne fût pas plus long !